Le film a été présenté au Festival de Cannes 2013 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Avant Le Cours étrange des choses, Raphaël Nadjari avait déjà concouru à Cannes. En 2007, il représentait l'Israël en compétition officiellle avec Tehilim.
Raphaël Nadjari appartient à cette caste de cinéaste qui aiment prendre leur temps pour réaliser leurs films. Avant Le Cours étrange des choses, cela faisait 7 ans que le Français n’avait pas fait de long-métrage de fiction : "Il y a eu pendant ce temps le tournage, très important pour moi, du documentaire "Une histoire du cinéma israélien". Mais quand je ne tourne pas, j'écris… Et j'écris beaucoup. Et plus on avance dans le travail, plus il faut écrire. Il arrive alors qu'à force on s'éloigne un peu du désir initial, ce qui fait qu’au bout d'un moment je suis revenu vers la spontanéité, la caméra, les acteurs", dévoile-t-il.
Avant de s’attaquer au tournage, Raphaël Nadjari a écrit son histoire, construit son storyboard et… dessiné. Pour son 7ème film, il a réalisé pas moins de 1 500 dessins et illustrations relatives à son sujet : "J'avais l'impression de traverser le film une première fois. Ces dessins sont devenus un outil de travail précieux ensuite sur le plateau, pendant la petite vingtaine de jours de tournage que j’ai eu pour réaliser le film", note le réalisateur.
Si certains réalisateurs sont très tatillons quant au respect du texte par leurs acteurs, à l’image de Jean-Pierre Mocky ou Alexandre Astier, Raphaël Nadjari laisse, lui, le maximum de liberté à ses interprètes : "Quand on commençait à tourner, je ne savais jamais très exactement ce qui allait se passer (ndlr : aucun dialogue n’est écrit à l’avance, juste une trame de 30 pages pour l’ensemble du film). Enfin, disons, que je savais d’où je partais et où j’allais, mais à chaque fois il y avait plein de chemins possibles (…) Imaginez, vous êtes à la dixième scène de la journée, on a fait douze prises sur les trois dernières heures et d'un coup les bons dialogues sortent de la bouche des acteurs. Quand l’improvisation fonctionne c’est précieux, ça les renforce et les rend généreux", apprécie-t-il. Depuis ses débuts en 1999, Nadjari n’a écrit "qu’un" scénario en six fictions.
A 42 ans, Raphaël Nadjari ne se reconnaît pas dans le cinéma actuel : "Tous les jours, on est saturés d'images, jusqu'au délire. Et le cinéma ne sait plus quoi infliger au spectateur pour qu'il réagisse : le martinet, l'obus, le découpage, le cannibalisme… C'est comme si, à force, le public ne sentait plus rien. C'est une surenchère. Mais cette volonté de puissance dénote surtout une faiblesse. Je fais mes films contre cela. Et je trouve que tourner Le cours étrange des choses, dans ce contexte, finalement, c'est être un peu à contre temps", milite-t-il. De fait, Le Cours étrange des choses est un film simple à "dimension humaine".
Ce n’est pas la première fois qu’Ori Pfeffer officie devant la caméra de Raphaël Nadjari. En 2002, l’acteur israélien avait ainsi joué dans Apartment # 5 C qui était le troisième long-métrage du cinéaste français, le dernier volet de sa trilogie new-yorkaise débutée en 1999 avec The Shade.
Ce film a été l’occasion d’une grande première pour Raphaël Nadjari. Habitué à travailler en Israël (c’est son troisième tournage sur sa terre d’adoption), le metteur en scène a tourné Le Cours étrange des choses intégralement en hébreu. Avant, il utilisait l’anglais sur son plateau.