Le public attend toujours beaucoup des films portant à l’écran l’homme-araignée. Surtout lorsque Sam Raimi est passé par là avec Tobey Maguire dans le rôle-titre, ou quand le super-héros nouvelle version a fait une apparition considérée comme étant parfaite dans "Captain America : civil war". Annoncé comme un des blockbusters de l’année, "Spider-man homecoming" ne fera pourtant pas l’unanimité et divisera les spectateurs. C’est tout à fait compréhensible. En effet, on a certes là un film de super-héros, mais la sensation d’avoir vu un teen-movie a tendance à l’emporter. Les studios Marvel et Sony ont voulu faire quelque chose de différent. Il le fallait, sinon c’était prendre le risque de blaser le spectateur par une très possible impression de déjà-vu. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est différent. Ainsi, en se rapprochant du comic-book d’origine (on reconnaîtra même le thème musical du début connu des générations plus anciennes), Spider-Man est plus jeune (15 ans dans le film). De cette façon, nous avons affaire à un personnage qui n’a pas ou peu d’expérience de la vie. Il en ressort une certaine immaturité, et beaucoup de maladresses. Et question maladresses, on va avoir droit à quelques situations cocasses pour les unes, et spectaculaires pour les autres. C’est la situation idéale pour insérer de l’humour, parfois sympa, parfois lourd. Si on peut reprocher cet humour inégal (parfois même agaçant), il reste néanmoins conforme à celui de bon nombre d'adolescents. Il en ressort un esprit plus frais et plus léger, et donc une ambiance moins sérieuse. Malgré ses 20 ans au moment du tournage, Tom Holland incarne à la perfection ce super-héros inexpérimenté. Sa gueule juvénile sert à merveille la nouvelle mouture du personnage dans ses premières aventures. Cependant il n’y a pas que là que ce Spider-Man se démarque des versions précédentes : contrairement à ce qu’avait fait Sam Raimi, la véritable naissance de ce super-héros n’est pas mise en images mais seulement évoquée. Du coup, on découvre un personnage déjà presque prêt à sa nouvelle condition. Ce n’est pas tout : je disais plus haut que le staff technique du film avait choisi de se rapprocher un peu plus du comic-book originel… pour autant, on a doté le costume de Spider-Man des supers technologies made in Tony Stark. Evidemment, en lisant le synopsis avant de se rendre en salle, il me parait difficile d’imaginer que le poulain d’Iron-man ne bénéficie pas d'une façon ou d'une autre des dernières avancées technologiques de son mentor. Mais cela a un inconvénient, et de taille ! Spider-Man perd de son aura de super-héros avec un certain nombre d’aptitudes non plus "naturelles" mais fabriquées de toute pièce. Chacun se fera son propre avis là-dessus, et contestera ce fait… ou pas. Cependant, grâce à ses capacités athlétiques bien venues pour servir le personnage, Tom Holland a réalisé lui-même la plupart des cascades. En revanche, la romance est moins bien construite que dans le film de Sam Raimi. Ici, elle ne repose sur… pas grand-chose ! Certes elle ne va pas au bout, comme c'est souvent le cas des amours impossibles, mais il n’y a rien à faire : il n’y a rien de vraiment tangible pour attirer l’intérêt de Michelle, surtout quand on sait qu’elle n’a d’yeux que pour l’homme-araignée. Quant à Tante May, c’est une énorme déception. Marisa Tomei a bien du mal à faire transparaître toute la bienveillance et l’immense sagesse que Rosemary Harris avait donné à ce personnage dans la réalisation de Sam Raimi. Je dirai même pour être cash, qu’elle n’y arrive pas du tout. Par contre, la véritable surprise vient de Michael Keaton. Nous n’avons pas l’habitude de voir cet acteur dans un rôle de méchant. De mémoire, c’est même une première, mais je dois préciser que je ne connais pas l’entièreté de sa filmographie. Cela ne l’empêche pas d’être convaincant dans le rôle du Vautour, bien que ce dernier bénéficie du rôle de méchant un peu malgré lui, seulement pour continuer à exister suite à des décisions sans âme de certains pouvoirs. En somme, c’est un méchant, certes bien décidé à aller au bout de son projet, mais pas si méchant que ça en fait. Je vous laisse découvrir comment pour ne pas spoiler cet aspect-là. "Spider-Man homecoming" est donc un reboot qui peut autant plaire que rebuter, voire laisser le spectateur le cul entre deux fauteuils (position pas très confortable soit dit en passant). Mais Jon Watts se sort du piège de l’énième reboot en rendant sa réalisation dynamique, sans véritable temps mort, avec quelques prises de vues audacieuses qui virevoltent autour des personnages principaux, notamment celle où Spider-Man décide de se servir de l’hélico en vol stationnaire pour entrer là où il veut aller. Le cinéaste est bien servi par des effets visuels d’excellente facture, alors que les images de synthèse ont été réduites à leur plus simple expression. Pour exemple, le ferry est une vraie reconstitution sur laquelle les effets visuels ont parachevé le boulot d’illusion ! Cependant, des erreurs scénaristiques ont réussi à se faufiler : l'Audi cabriolet ! Il fait nuit, le véhicule se fraye un chemin comme il peut, mais comment expliquer que les feux arrières soient allumés et pas les feux avants ? Et on alterne ainsi plusieurs fois entre l'avant et l'arrière de l'auto, jusqu'à ce que les feux soient allumés pour de bon. Certains d'entre vous diront que ça devaient être les feux-stop. Sauf que non: ce sont bien les feux de position arrières qui sont éclairés. Malgré tout, "Spider-Man homecoming"est donc plutôt sympa, suffisamment sympa en tout cas pour le suivre tout au long des 134 minutes sans véritable ennui, ponctué par deux scènes post-génériques comme Marvel a coutume de le faire. Moins abouti que le film de Sam Raimi (2002), mais meilleur que celui de Marc Webb ("The amazing Spider-Man" en 2012), je suggère qu’il vaut mieux attendre de voir la suite pour se faire une idée plus précise de ce "Spider-Man homecoming". Ben oui, il y a tant de choses encore à développer…