C’est avec beaucoup de doute que nous venions à l’avant-première d’Angélique, ce jeudi 12 décembre 2013, en présence de Gérard Lanvin, Nora Arnezeder et Ariel Zeitoun. Le réalisateur de Bimboland ou Yamakasi ne brille pas par sa filmographie exceptionnellement audacieuse. « Angélique » nous promettait une histoire d’amour mièvre, d’après les souvenirs vaporeux des premières adaptations qui ont bercé l’enfance de nombreux téléspectateurs. On hérite finalement certes d’une histoire d’amour sans consistance, mais d’un film de cape et d’épée rythmé et entraînant.La première surprise du film vient de Gérard Lanvin (Joffrey de Peyrac) à qui l’on devrait confier davantage ce type de personnage, un peu sombre, un peu aventurier. Un renouveau après les rôles comiques ratés des années 2000, en tête Gérard Moltès dans « Le Boulet », une des comédies les moins drôles et les plus lourdes de la décennie. La deuxième de Nora Arnezeder (Angélique), issu de l’univers des séries, qui s’en sort assez bien en jeune femme émancipée qui devient l’amoureuse fidèle de son comte sans rien sacrifié à sa liberté. Malheureusement, l’alchimie ne prend pas entre les deux protagonistes, on ne se sent jamais réellement concerné par leur passion. Dommage pour un alchimiste. À son sommet depuis « L’armée du crime », Simon Abkarian, incarnant François Desgrez, est certainement le plus talentueux acteur de la troupe. Il arrive à nous convaincre de son rôle d’avocat révolté par l’absolutisme, culminant sous le règne de Louis XIV. C’est certainement d’ailleurs le personnage le plus attachant car, contrairement à Angélique, il se rebelle contre tout un système. Angélique, elle, ne semble prendre conscience de certains aspect du régime que si cela touche son bien-aimé. Elle annonce d’ailleurs vouloir redevenir puissante, et l’on sent que son incursion dans les bas-fonds ne fera pas forcément d’elle une véritable Marquise des Anges.D’après Anne Golon, romancière à succès des livres inspirant cette histoire, le film serait plus fidèle au livre que celui de Bernard Borderie sortit en 1964. Il est vrai qu’il y a ici davantage de place laissé au contexte. Peyrac est un homme de science, possédant les ouvrages de Copernic et de Galilée, encore interdit par l’église, et s’adonnant à l’alchimie. Ainsi connaît-il le procédé de coupellation qui permet de séparer le fer de l’or. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier qu’il exploite une mine que d’autre aurait abandonné depuis longtemps, et ne cesse d’accroître sa richesse. Fervent catholique, il n’en est pas moins hostile à la Sainte Insurrection qui a son siège à Toulouse non loin de son domaine. L’archevêque est pour lui un obscurantiste, tandis qu’il fait office de sorcier pour le « saint » homme. C’est sur ce prétexte fallacieux qu’il sera d’ailleurs poursuivi en justice. Un homme des Lumières avant l’heure.Si vous souhaitez pleurer d’émotion, une histoire d’amour qui vous prend aux tripes, passez votre chemin à moins d’être une midinette fan de la première heure de « Plus belle la vie ». Si vous cherchez à passer un bon moment, avec des acteurs convaincus, d’aventure, de capes et d’épées, au cœur d’un complot ourdi aux plus hautes sphères du pouvoir, alors courez vite réserver une place pour « Angélique » qui sort mercredi prochain en salle.Venez lire nos autres critiques sur Une Graine dans Un Pot :