Film d'aventure de facture honnête, ANGÉLIQUE, s'il est loin d'être un chef-d'œuvre, ne mérite pourtant pas l'opprobre dont l'ont couvert les critiques dès sa sortie.
Il est vrai que la qualité du film repose en grande partie sur Nora Arnezeder, qui porte avec beaucoup d'enthousiasme et d'esprit le personnage d'Angélique sur ses menues épaules (aidée quand même dans la deuxième partie du film par un Simon Abkarian plein de verve en “avocat de choc”.) Une Angélique beaucoup moins sensuelle que ne l'était Michelle Mercier dans les films des années 60, plus intellectuelle et réfléchie, et en cela bien plus fidèle à l'héroïne des romans d'Anne Golon.
On se demande d'ailleurs ce que serait devenu le film sans elle, car la réalisation d'Ariel Zeitoun manque cruellement de dynamisme, ce qui est un comble pour un film d'aventure “de cape et d'épée” !
Entre un Joffrey de Peyrac qu'on jurerait sous Lexomil (Gérard Lanvin a visiblement attendu pendant tout le tournage de rentrer dans son personnage, sans y parvenir jamais), un roi de France très falot, des courtisans trop caricaturaux, le tout desservi par des cadrages et un sens du montage très approximatifs (cruel détail : certains personnages ont des dialogues désynchronisés : à l'ère du numérique, plus moyen d'invoquer un problème de copie ; serait-ce plutôt un problème de post-synchronisation bâclée ?)
Même si ce film ne manque donc pas de défauts, on se dit pourtant que cette version vaut largement les films très kitsch de Bernard Borderie, et on y trouve sans peine son plaisir, grâce surtout au beau travail des techniciens : les costumes, les décors, les carrosses, les armes contribuent grandement à une immersion plaisante dans dans ce XVIIe siècle d'aventures épiques, tissé d'intrigues, de complots et de vengeances. Une Histoire de France à la manière d'Alexandre Dumas, une fable historique faite de secrets trahis, de belles vendues, d'épées sorties prestement du fourreau (les combats à l'épée sont très bien réglés, et filmés pour une fois de très près !), et où tout château renferme à la fois un trésor et de multiples passages secrets, ce qui fait tout le prix de l'univers à la fois réaliste et picaresque des romans d'origine.
Cela rend d'autant plus regrettable que, pour une production ambitieuse qui aurait pu prétendre à une carrière internationale, la réalisation ait été confiée à un metteur en scène qui ne s'est jamais illustré par une réalisation très punchy. Pourquoi ? Mystères d'Europa Corp... Qu'Ariel Zeitoun produise, Ok, mais pourquoi ne pas avoir confié la mise en scène à de vrais réalisateurs de films d'action, comme Pierre Morel ou Louis Leterrier ? Même Olivier Megaton aurait fait mieux...