Etonnement épargnée par la critique lors de sa sortie (malgré le marasme ambiant qui touche les comédies françaises depuis quelques années), "20 ans d’écart" paraissait, du coup, mérité le coup d’œil, surtout au vu du sympathique duo vedette promis par l’affiche. Et, au final, c’est peu dire que j’ai été déçu par la mollesse et l’absence totale d’originalité de cette comédie. Comment, avec un sujet aussi hype et un casting aussi prometteur, peut-on faire un film aussi anecdotique ? Passons rapidement sur la mise en scène de David Moreau, qui n’a pas le moindre intérêt mais qui aurait pu être acceptable, pour se concentrer sur les problèmes essentiels du film. Tout d’abord, le casting, ou plutôt l’exploitation de ce casting par le réalisateur, a de quoi nourrir bien des regrets. Virginie Efira, si pétillante dans "Le Siffleur" ou "L’amour c’est mieux à deux", se transforme ici en ersatz de Katherine Heigl, c'est-à-dire en working girl névrosée qui sacrifie sa vie sentimentale à son boulot tellement tendance. La comédienne prouve, cependant, qu’elle n’est pas taillée pour un rôle aussi "dur" et n’est pas crédible une seule seconde. Le jeune Pierre Niney laisse voir des belles possibilités mais se voit entravé par un rôle très peu écrit. Autour de ce duo vedette très fade, on retrouve des seconds rôles qui auraient pu être originaux, du patron aux mœurs ambiguës (Gilles Cohen) à la collègue arriviste (Amélie Glenn) en passant par la photographe barrée Blanche Gardin)… mais, après une bonne idée de départ, tous ces personnages sombrent dans la caricature voir dans certaines dérives maladroites (le shooting aurait dû être une des meilleures scènes du film et s’avère, au final, plus gênante qu’autre chose). Seul rescapé, Charles Berling, qui campe un père atypique, à la fois flambeur (amateur de belles bagnoles et de jeunes femmes) et touchant dans l’amour qu’il porte à son fils. Il est le seul personnage qu’on retient de cette bien triste galerie qui ne peut compter, en tout état de cause, ni sur la qualité très relative des dialogues, ni sur l’intrigue qui oscille entre l’hyper-prévisible (on retrouve tous les trucs les plus poussifs qui soient, avec la rencontre improbable, l’amour naissant, la déception suite à la découverte du mensonge, la réconciliation finale…) et les grosses ficelles scénaristiques (pourquoi Alice ne dit-elle pas la vérité à Balthazar au lieu de s’enferrer de son mensonge ?). 20 ans d’écart n’est donc rien d’autre qu’une comédie romantique basique, que se regarde sans trop de difficulté mais s’oublie très vite. Un point surprenant néanmoins : la scène de cul du couple qui s’avère étonnement généreuse pour un film de ce calibre… C’est bien peu pour sauver le film.