Une comédie romantique écrite par Nicolas Bedos… le postulat de départ était suffisamment surprenant pour valoir le coup d’œil. Et, autant le dire tout de suite, la curiosité du fan ou, à tout le moins, de l’amateur de subversion ne sera pas récompensé à hauteur de ce qu’il était en droit d’attendre. En effet, si on peut tolérer les effusions de sentimentalisme un brin bling-bling inhérent au genre (rien ne manque de la rencontre atypique au quiproquo malheureux et tellement injuste qui a causé la rupture en passant par New-York en toile de fond, la scène du piano et les métiers so hype), on ne peut qu’être un peu déçu par le ton finalement très policé du film et par l’évolution de son intrigue, au final très prévisible. Certes, il ne fallait pas non plus attendre un film qui aurait révolutionné le genre mais, un traitement un peu plus de politiquement incorrect n’aurait pas forcément fait de mal… surtout de la part d’un Nicolas Bedos. Cependant, pour peu qu’on fasse le deuil du film auquel on aurait pu (dû ?) assister, il faut bien admettre que cet "Amours et turbulences" ne manque pas de charme, à commencer par celui de ses acteurs. Pour son premier "premier rôle", Nicolas Bedos s’en sort remarquablement bien en dandy indolent pas si immature qu’il en a l’air… même si on pourra reprocher à l’acteur, également scénariste du film, de s’être donné le beau rôle (qui se veut, en outre, relativement autobiographique) en dressant de lui-même un portrait de séducteur pas si méchant que ça et, surtout, en cherchant un peu trop d’excuses à son personnage. Face à lui, Ludivine Sagnier nous rappelle qu’elle est l’une des actrices les plus craquantes du cinéma français, sans pour autant faire de son personnage une potiche, bien au contraire. Il faut, d’ailleurs, saluer la performance de l’actrice, qui parvient à rester désirable malgré un caractère impossible qui ferait fuir n’importe quel homme. Autour du duo so glamour, on retrouve une galerie de personnages très prometteurs (la mère campée par l’excellente Clémentine Célarié, le pote looser joué par Jonathan Cohen, le voisin de siège joué par Jackie Berroyer ou encore le stewart campé par Michel Vuillermoz) dont on ne peut que regretter le manque de scènes. La réalisation d’Alexandre Castagnetti est, à l’inverse, assez inégale puisque, si on apprécie le soin particulier apporté à la photographie (avec des couleurs chaudes) ainsi qu’une BO assez sympa, on regrette certaines tentatives de mise en scène plus artificielles qu’audacieuses. Idem pour le final, on en peut plus tiré par les cheveux et qui confirme l’impression générale de polissage bien trop sage. Pour autant, le film, à défaut d’être la comédie romantique de l’année, reste un divertissement tout à fait regardable qui s’oublie assez vite mais qui donne, pour autant, envie de revoir Nicolas Bedos sur grand écran… à condition qu’il se mette davantage en danger, bien sûr.