Il y a presque exactement deux ans, un ami connaissant mes goûts et ma sensibilité décidait de me présenter une copine, à qui il avait parlé de moi en d'élogieuses tournures, minutieusement et stratégiquement exagérées. Nous dînâmes tous les quatre, elle, jolie brune expressive grâce aux dents du bonheur qu'elle exhiba souvent à l'écoute de nos sornettes, mon camarade, son jeune et encombrant berger blanc suisse, nommé Raspoutine et moi-même, dans un restaurant en vue du 7ème arrondissement de Paris. Le courant passa ce soir-là rapidement avec ma promise, quand rejoints par deux inconnus, la troupe décida de se diriger vers le Montana, club ultra select de la rue Saint Benoit. Peu enclin généralement à l'ambiance des boîtes d'ennui, je me joignai à l'enthousiasme général pour ne pas passer aux yeux de ma "nouvelle fiancée" pour un rabat-joie. Celle-ci, déjà affublée de charmes certains, nous stupéfia mon ami et moi, quand elle réussit à faire un numéro de charme au videur de l'endroit, en cachant derrière elle, le jeune et salissant berger blanc suisse, qui fit sa première entrée en boîte, qui plus est la plus branchée de la capitale. Véridique.
Nous prîmes, évidemment, une table, c'est paraît-il l'usage, même si une chaise m'aurait suffi et je me souciai rapidement de savoir si l'on pouvait boire un jus de fruit ou autre chose du même acabit, tout en commençant à observer l'aréopage de noctambules hantant ce haut lieu de la branchitude; quand mon regard de myope reconnut immédiatement, juste à côté de nous, Nicolas Bedos, accompagné d'une jeune noctambule, moins souriante que ma "nouvelle fiancée".
Ce garçon m'avait souvent dérangé, même agacé et il apparaissait cette nuit-là, comme le plus gentil et le plus timide des night-clubbers, comme anesthésié par l'ambiance joviale de l'établissement et peut-être attendri par la présence du pauvre toutou à la blanche robe, dont les tympans prirent cher.
En descendant l'escalier de l'UGC George V, je me demandais donc si le jeune Bedos allait confirmer cette impression ou user de cette sempiternelle arrogance que beaucoup lui connaissent.
Le film, dans lequel il joue son véritable premier rôle, raconte les retrouvailles inattendues dans un avion entre New York et Paris, de deux anciens amoureux, qui se détestent désormais cordialement. Ludivine Sagnier lui donne la réplique et tous les flashbacks les concernant permettent au spectateur de goûter au déroulement morcellé de leur histoire d'amour révolue. Le démarrage est lent mais on se prend à regarder ces deux-là régler leurs comptes attachés à leur siège d'A380 et à trouver les deux acteurs finalement attachants; même si on ne peut s'empêcher quelquefois de trouver que Nicolas Bedos joue du Nicolas Bedos. Plus romantique que comédie, l'histoire tient bien la route le temps d'un vol transatlantique et l'acteur principal confirme son goût vestimentaire raffiné et devrait faire attention à sa consommation d'alcool, snob et excessive ou le contraire.