Bon, Shining Sex c’est encore un Jésus Franco beaucoup trop juste pour vraiment convaincre.
Coté interprétation, c’est pas mal, surtout du coté de Lina Romay, mais il faut reconnaitre aussi qu’ils n’ont pas énormément à produire. Il y a très peu d’échanges entre les personnages, et l’essentiel de leur action est de proposer des scènes de sexe, qui s’enchainent à un rythme effrénée, montrant visiblement de la part des acteurs (actrices surtout) une réelle efficacité de ce point de vue. Reste que c’est peu de chose pour juger d’un vrai talent, d’autant que les personnages sont sans relief. Plus faiblard c’est difficile à proposer, chacun étant réduit à sa portion la plus congrue.
Le scénario est catastrophique. Comme trop souvent chez Franco l’histoire ne permet pas de tenir sur un long métrage. Il aurait du davantage se cantonner au moyen-métrage, voir au court, où surement il aurait pu faire de très bonnes choses, mais là, sur 1 heure 20, c’est indigeste. L’histoire est archi-molle, elle est répétitive à un point rare, et elle se limite comme dit précédemment, essentiellement à des scènes de sexe. Une, puis deux, puis trois, et si on enlève les phases copulatives, on arrive peut-être faiblement à 15 minutes. Non, honnêtement, même au titre de film expérimental ce n’est pas viable.
Visuellement Shining Sex est à peu près passable. La mise en scène est convenable, même s’il ne faut pas non plus s’enflammer. Disons qu’il y a quelques scènes érotiques pas mauvaises, avec un sens esthétique audacieux par moment, qui redresse quelque peu la situation plus générale, d’une réalisation pépère, qui adore le plan fixe. Les décors sont très faibles, mais heureusement quelque peu compensé par une photographie de qualité. Elle propose des couleurs intéressantes, et distille souvent une ambiance perceptible dans des décors qui virent parfois à l’infâme (quatre murs, une fenêtre et c’est tout). Par ailleurs, si ce film est clairement érotique, et pourra parfois déranger un public peu habitué (avec ses gros zooms fixes sur le sexe de l’héroïne, à la Tinto Brass sauf que lui c’est le postérieur !), il n’est pas du tout violent ou horrifique. C’est plan plan de ce point de vue, et dans le genre il est préférable de voir un bon vieux Frankenhooker ou Sex Addict d’Henenlotter, c’est bien plus sympathique. Reste une bande son soignée et très probante, qui est de surcroit souvent présente et apporte un plus réel et sensible à un film bien faible.
Au bout du compte Shining Sex est un très petit film, regardable mais pour un public vraiment habitué à la filmographie de Franco ou au cinéma underground le plus virulent. Comme souvent on sent un potentiel pas inintéressant, mais qui aurait cent fois mieux convenu à un moyen-métrage de 30 minutes, et qui aurait mérité de la part du réalisateur plus de sérieux dans le traitement. Il donne encore une fois le sentiment d’avoir travaillé son film à la va vite, et c’est décevant. Je lui accorde 1 pour la musique, l’idée audacieuse et quelques bons passages érotiques, mais je ne peux guère aller plus loin.