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Yves G.
1 456 abonnés
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3,0
Publiée le 30 octobre 2013
Juliette (Emmanuelle Devos), la quarantaine, mène en banlieue parisienne une vie sans histoire. Aucune inquiétude matérielle ne la guette : sa maison est spacieuse, son mari aimant, ses jeunes enfants bien élevés. Pourtant Juliette transpire d'un mal-être qui gagne insidieusement le spectateur. On n'est pas loin de "Desperate Housewives" expurgé de ses rebondissements tragiques et de ses quiproquos comiques. On est plus proche de Mrs Dalloway qui, le temps de la préparation d'un dîner, prend conscience de son aliénation. Le film est une galerie de portraits de femmes en pleine crise de la quarantaine. Dans leur vie professionnelle comme dans leur couple, en dépit de leur aisance bourgeoise, tout les ramène à leur aliénation domestique. Les hommes sont des silhouettes à peine ébauchées qui n'ont pas le bon rôle : leur goujaterie le dispute à leur lâcheté. On croit un instant que le film va basculer, lorsqu'on apprend qu'un crime a été commis. Mais Isabelle Czajka refuse cette facilité. Le film se termine comme il a commencé, par un dîner entre amis, ni plus ni moins amical que celui de la veille.
"La vie domestique" est l'adaptation d'un roman de Rachel Cusk que j'ai lu il y a quelques années seulement ... et dont j'ai tout oublié sinon le plaisir que j'avais pris à le lire. Il est probable que ce film me laisse la même empreinte. J'ai pris beaucoup de plaisir à le regarder. J'ai aimé l'intelligence aiguë de la réalisatrice dont les premiers longs métrages, illuminés par la présence radieuse d'Ariane Demoustier, m'avaient enthousiasmé. J'ai été séduit par la subtilité du jeu des actrices, les seconds rôles (Julie Ferrier, Natacha Régnier, Hélène Noguerra). Pour autant, toutes ses qualités ne suffiront pas à le sauver de l'oubli dans lequel il risque de sombrer.
Un bon film qui retranscrit vraiment fidèlement l'atmosphère de ce bijou littéraire Arlighton Park de Rachel Cusk publié en 2007 à L'Olivier... C'est à dire un film d'atmosphère où il ne se passe pas grand chose justement et qui ne passe jamais loin de provoquer l'ennui du spectateur certes. Mais que cela sonne juste, pour une certaine classe sociale de notre vie moderne, j'en conviens, plutôt aisée. Filmer le temps qui s'écoule au rythme des allers et venus à la maison, de la solitude une fois tout le monde partis vers ses activités. Filmer l'ennui, le vide autour de soi et à l'intérieur de soi est un exercice difficile que la réalisatrice relève. Emmanuelle Devos, Marie-Christine Barrault (apparition brève mais ô combien marquante) et Julie Ferrier sont très justes dans leur jeu où beaucoup de choses passe par les regards, les silences, le peu de mots prononcés et les attitudes. La banlieue est filmée dans ses deux dimensions, lisse et ordonnée en apparence mais ayant bien du mal à contenir les illusions perdues, les compromis qui laissent insatisfaits, les choix pas complètement assumés... 24 heures de la vie d'une femme... plus à mode Desperate qu'en mode "Zweig". A voir, si on est en forme !
Insignifiant et ennuyeux, voila le resume de ce film tout comme la vie de ces "desperates houswives" a la francaise, reclues dans leur banlieue parisienne proprette et superficielle... C'est peut-etre finalement la force de ce film: avoir reussi a decrire de facon ultra-realiste le quotidien un peu desesperant de banalite de ces personnages dans lesquels bon nombre de couples de la quarantaine se reconnaitront pourtant... Ce fut notre cas ! Triste sort !
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3,0
Publiée le 23 octobre 2020
Concernant ce film même je suppose que c'est le même schéma que Desperate house wives. Mais peut-être avec un point de vue plus légèrement déprimant. Je veux dire la représentation de la vie quotidienne ennuyeuse d'un groupe de femmes de banlieue qui sont femmes au foyer. Chacun d'elles est décrite de telle manière que si j'étais l'un d'entre elles j'aurais avalé une poignée de somnifères. Entre leurs enfants insupportables et leurs maris piquants nous assistons ici à une sorte d'agonie longue et douloureuse ou tout est faux. Sauf peut-être des sentiments tellement profonds que nous pouvons capturer de temps en temps dans un toucher très sensible. Mais dans ce but le public doit regarder de très près ce qui n'est pas inintéressant...
Il est rare qu’un film m’agace autant, sans pour être viscéralement raté. Au contraire, il est plutôt bien vu dans la forme, mais surtout dans le fond, avec cette micro-société de bonnes femmes qui n’ont « rien d’autre à faire » que de tenir leur petit ménage. Je caricature, autant que la réalisatrice, un propos qui à a priori entre les lignes et les images entendaient plus souligner la condition féminine dans tout ce qu’elle a de plus rétrograde. Mais en appuyant la démonstration, elle s’enfonce, dommage… Pour en savoir plus
La vie domestique, c’est quand les maisons d’un quartier résidentiel et les quadras qui les habitent se ressemblent. Jardins plantés de voitures, maisons de catalogue, meublées Ikea, TV et bar en libre-service, bibliothèque décorative. Les familles qui y vivent sont souvent constituées de deux enfants ; d’un homme-cadre qui rentre crevé du boulot et croit se détendre en en parlant encore ; et d’une femme qui aurait pu aussi envisager un avenir professionnel, mais qui a un peu laissé tomber pour faire tourner la baraque, gérer les conduites des gosses et être toujours dispo pour son mari… Juliette étouffe dans cette cocotte. Elle est sensuelle, intelligente et ne rechigne pas aux tâches quotidiennes. C’est une femme libérée, mais pas tout à fait épanouie dans sa vie professionnelle, familiale et amoureuse. La répétition des tâches provoque chez elle une érosion des sentiments. Comme si la vie domestique rongeait sa vraie vie. On pressent que l’ennui menace et on rêve pour elle d’un grain de folie. D’une « Aventure » (comme celle vécue quelques mois plus tôt par la même Emmanuelle Devos chez Jérome Bonnell) ? La vie domestique est évidemment un film un mélancolique. Ou ni les femmes ni les hommes n’ont le beau rôle. Car si ces derniers semblent jouir d’un statut privilégié, ils ne sont pas montrés sous un jour très flatteur. Préjugés et conventions les emprisonnent eux aussi dans leur propre confort intellectuel. « Viens ici !», finit par intimer Thomas à Juliette à l’heure du coucher. Mais Juliette ne bronche pas : vague prise de conscience, début de révolte ? Ici aussi, le changement ne semble pas pour demain. La vie domestique, c’est un joli titre pour un film à l’humeur maussade.
Emmanuelle Devos avait eu un coup de foudre pour Gabriel Byrne dans Le Temps de l'aventure il y a quelques mois. Elle est aujourd'hui à l'opposé de ce personnage volage en incarnant une femme désabusée, une mère considérée par ses enfants comme la boniche de la maison. Lassée par une existence sans couleurs, nous la suivons pendant une journée dans sa Vie Domestique.
Dans cette œuvre intelligente et très subtile, la réalisatrice prend le soin de ne faire durer son récit que vingt-quatre heures. Dans ce court laps de temps, elle réussit à dresser un portrait triste mais pertinent de la femme contemporaine. Alors que nous sommes dans une société moderne où les mœurs évoluent peu à peu, on se rend compte qu'une hypocrisie générale est toujours présente vis à vis de la condition des femmes. Leur statut de maîtresse de maison est ancré dans notre civilisation depuis des millénaires, et d'une certaine manière, il n'a toujours pas changé.
Pour nous faire comprendre le malêtre de Juliette, la cinéaste filme cette banlieue pavillonnaire comme une prison, la vie de cette femme comme un asservissement. Tout sonne faux dans ce quartier déshumanisé, les conversations, les soirées ou les retrouvailles d'individus qui se disent amis mais qui ne sont finalement que des étrangers. Habituées à un confort artificiel, elles deviennent des machines qui ne pensent plus mais qui subissent un quotidien verrouillé, attendant une lueur d'espoir qui n'arrivera plus.
Le malaise des spectateurs se fait donc de plus en plus sentir. À cause de regards insatisfaits, d'un thème musical mélancolique, ou de silences gênés. Nous pouvons cependant reprocher à Czajka de forcer le trait de certains personnages (femme enceinte, plusieurs hommes fachos) pour montrer la douleur de ces femmes qui encaissent sans broncher. Qu'importe puisque l'intention est plus que louable : celle de montrer par un cinéma terne et cru la vie de ces « desperate housewife », ressemblant à tout sauf à un conte de fée.
Pas facile de filmer l'ennui et la vacuité des personnages sans que cela devienne les défauts du film lui-même ... Emmanuelle Devos a beau être impeccable dans un rôle auquel elle est habituée (le reste du casting étant plus inégal ...), cela ne suffit pas à donner de l'intérêt au film. On peut notamment regretter que si peu d'importance soit accordé au ressort dramatique (l'infanticide).
Je mets "bien" après réflexion. Car j'en suis sortie sans avis, ni bien, ni mal...juste désabusée! En tant que femme, on s'y retrouve parfois, ce qui tend à effrayer en fait!! Cependant, il y a dans ce film, bcp de clichés, de représentations des femmes (et des hommes! Les pauvres en prennent plein leur grade). C'en est donc limite dérangeant car est-ce une volonté de la réal d'aller aussi loin dans sa vision ou...y croit-elle vraiment ? Je penche alors pour la première, ce qui tend à montrer un microcosme égoïste et fermé. C'est bien joué (tjs mention EXCELLENT pour Emmanuelle Devos - de plus en plus sublime, juste, vraie), Julie Ferrier (la plus énigmatique et "froide" de toutes), et au casting global. Des scènes sont limites parodiques (ahhh les dîners mondains-sociaux, mortel d'ennui et de vacuité!), fortes aussi spoiler: (l'appel attendu tte la journée par Emmanuelle Devos, juste devant l'école de ses enfants - quelle décision prendre : décrocher et laisser les enfants ? Ne pas décrocher et faire son rôle de mère quitte à perdre un travail tant attendu?) . Mais que font les hommes dans ce monde?? Ils sont justes lâches, accaparés par eux-mêmes, etc. Ca grince des dents... C'est donc bien pour tous ces points mais à vos risques et périls, vous risquez de vous y retrouver ou...trouver cela consternant! Je recommande pour la vision acide et Emmanuelle Devos.
Le 'Desperate Housewives' à la française !! Hyper réaliste, un peu satirique et très touchant !! Moi j'ai beaucoup aimé, Devos est formidable dans ce rôle de petite bourgeoise qui s'ennuie ferme !! A voir !
La vie domestique sacrément embourgeoisée...on se demande même où sont les femmes de ménages vu le cadre dans lequel on nous dépeint cette vie domestique pas si minable que cela... je le vois bien l'avilissement progressif des femmes face au machiste de certains bonhommes et le post-it mental dans la gestion des mioches au quotidien. Le paradoxe, c'est que ces femmes ont l’air si libres et conscientes qu'elle ne se donnent pas les moyens de combattre ce quotidien. J'attendais un moment de révolte. Une sortie magistrale ! Eh bien non, on saisira dans le regard de Devos une lassitude, un désarroi pour finalement rester prisonnière de sa condition et nous donner l’impression à travers un regard à son mari sur la fin du film qu’elle est sur le point de faire quelque chose … Mais quoi ? Tout cela manque de crédibilité et leur ronron m’a presque fait m’assoupir. Cela dit, Emmanuelle Devos demeure une grande actrice…Mais le film est insipide et je suis déçue.
Entre Desperate Housewives et The Hours sans la drôlerie du premier ni l'intensité du second. Des réflexions sur la vie du couple qui émanent manifestement d'une femme désabusée. Un rythme lent et une atmosphère menaçante très réussie. Emmanuelle Devos toujours aussi parfaite. On reste un peu sur sa faim malgré tout.
J'ai, personnellement, été déçu. La fin m'a laissé sur ma faim, si je puis dire. Le côté chronique amère, d'une banlieue aisée (style desperate housewives), est très bien rendu mais est-ce suffisant pour un faire un film !