Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
🎬 RENGER 📼
7 329 abonnés
7 541 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 19 janvier 2024
Le temps d’une année scolaire, Clara Bouffartigue nous immisce au coeur du collège Joséphine Baker à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. On y fait la rencontre de deux professeurs qui enseignent toutes les deux dans la même classe, la 4ème C. Alice Henry est prof de lettres et Isabelle Soubaigné d’arts plastiques.
En l’espace de 80min, la réalisatrice nous plonge tête la première dans le tumulte d’une salle de classe et nous fait vivre de l’intérieur ce métier aussi riche qu’éreintant. On découvre les divers aléas auxquels sont confrontés les prof face à des adolescents qui parfois (voir trop souvent), n’en font qu’à leurs têtes (gestion de crises, absentéismes, bagarres, insultes, trafic en tout genre, voir même un élève qui se masturbe en plein cours).
Le film met en lumière ce que l’on savait déjà, la difficulté d’exercer son métier face à une vingtaine d’adolescents (sans nul doute, encore plus difficile lorsque le collège en question est classé “REP” (réseau d'éducation prioritaire), anciennement "ZEP". Les ados sont présents sans nécessairement donner l’impression de suivre les cours, certains ont du répondant et sont indisciplinés.
C’est d’ailleurs dans ces moments-là que le titre du film s’avère particulièrement bien trouvé. Il en faut du courage et de la détermination pour continuer à aimer son métier et se rendre jour après jour dans son collège pour enseigner et transmettre son savoir. Ce qu’elles font est assurément est beau métier
Tempête sous un crâne (2012) porte un regard à la fois juste et positif sur le métier d’enseignant, tout en montrant la réalité du terrain, à savoir ses joies et ses difficultés.
Lorsqu'elle a ressenti l'envie de faire un film sur la transmission, Clara Bouffartigue, dont toute la famille a travaillé ou travaille encore dans l'Education Nationale, a bien évidemment choisi de parler de la transmission du savoir à l'école. Ayant une amie d'enfance professeur de français dans un collège du 9-3, elle a demandé et, finalement obtenu, le droit de suivre une de ses classes pendant une année scolaire et d'en faire un documentaire. Cette classe, elle l'a suivie sur les cours de français et sur ceux d'arts plastiques. Pour pas mal de spectateurs, le film n'apprendra pas beaucoup qu'ils ne sachent déjà sur le dur métier d'enseignant. Il a toutefois le grand mérite de montrer qu'avec la foi et des méthodes d'enseignement finalement assez traditionnelles, mais bien assimilées, bien maîtrisées, un prof de français peut arriver à faire travailler des élèves d'une ZEP de la Seine Saint-Denis sur un poème de Rimbaud. La formation des élèves ne commencent-elle pas par une bonne formation des enseignants ?
Reportage plus télévisuelle que cinématographique, Tempête sous un crâne est surtout instructif et démonstratif. Pas de fil directeur pour emmener le spectateur au delà du simple constat. Chapeau bas aux professeurs.
Instruire les classes de quatrième, âge = 15 ans en collège public. Des êtres en devenir, au sens pratique démesuré, des atrophiés du raisonnement, des endormis affectivement si nul ne les sauve (les exercices assez surprenants de fraîcheur affichent ce constat). Là où le comportement collectif est constitué d'une infinité de bruits et gesticulations dans la classe comme une maternelle qui n'aurait pas évolué, il faut trouver le pont, et pour cela tâtonner tel un chercheur... Afficher la bonne pâte qui répète, redresse comme on le fait de tout petits, avec en arrière-plan les clés de l'autonomie. Au demeurant, c'est plus facile pour un professeur d'arts plastiques comme celle que nous fait découvrir ce film que pour l'enseignante en lettres (deux personnages qu'on aurait voulu avoir comme profs !). Tout porte à croire qu'elles ont autant l'une que l'autre trouvé la combine... A quel prix pour les nerfs du spectateur ! Par mille et un détours elles remplissent leur mission, déjouent les défenses de ces cerveaux baignés dans le seul rapport de forces. Une incroyable proximité physique, à l'image de bons parents, les cours, les contacts verbaux sont chargés d'affects, ces grands massés au ras du pupitre du prof montrent une fragilité insoupçonnée, en dehors des fatals meneurs et des trafics louches de quelques-uns bien entendu, et qui finissent par passer au rapport... L'enjeu étant que cours et vie réelle n'en fassent qu'un, sifflet et punitions traditionnelles sont remisées, fermeté, maîtrise... il importe d'user d'un langage commun aux moments fatidiques "tu sors de mon bahut" dit la directrice ! Ce documentaire montre une avancée possible en matière de résultats, de là à prétendre s''appliquer partout, il faut quand même être d'acier... au moins au départ, l''espoir de récolter les retombées étant la récompense ultime si récompense il y a... Respect des programmes balayé, retour de la jugeote... Silence sur les fameux "moyens matériels" et "effectifs insuffisants" dont il est fait état concernant l'enseignement public actuel. Belle démonstration de patience, attitude héroïque pour nombre d'enseignants. Plus facile si entente cordiale des adultes qui encadrent !
Un film qui rappelle "entre les murs" et qui retrace une année d'un collège en région parisienne. Mais qui par moment est longuet... On ne sait pas vraiment si ce film est là pour montrer ou transmettre une morale. Quoiqu'il en soit, ce choix reste destiné au spectateur car nous ne saurons rien.
Le film file file jusqu'à la fin (montage très fluide grâce aux séquences dans les couloirs du collège, séquences entre adultes de l'équipe éducative et l'humour comme exutoire), du coup le propos est bien servi. Et comme il n'y a pas de volonté de démontrer de s'indigner, au final ce que le documentaire donne à voir de l'acte de transmission, d'ENSEIGNER est honnête et assez pur. La réalisatrice filme un truc pas du tout apaisant (mais alors pas du tout) de manière très apaisée. Bluffant non? Surtout que cela renforce notre indignation que des collégiens arrivent en 4ème avec si peu de socles. Pas de collégiens dans la salle, mais il faut emmener les collégiens dans la salle!
Quel beau documentaire ! Une vision à la fois concrète et réelle de la tâche (on devrait écrire : vocation) d'enseigner à ces jeunes qu'il faut tout à la fois cadrer et instruire. A des km des discours aseptisés et des fictions plus ou moins larmoyantes, les images - superbes - révèlent un quotidien banal mais profondément émouvant : l'amour tenace de ces enseignantes aussi bien pour leurs élèves que pour ce qu'elles enseignent - et la mesure de l'énergie et de la solidité qu'il faut avoir pour main-tenir... Si ce film pouvait ne pas rester confidentiel et disparaitre des écrans au profit de ceux qui agitent le cerveau de nos collégiens... nous aurions fait un progrès.