Dracula’s Widow est un film fantastique peu connu, qui n’est pas à jeter, mais a clairement les défauts de nombres premiers films de réalisateurs.
Le casting est assez solide. En fait il n’y a qu’un seul vrai raté, Stefan Schnabel. Celui-ci joue un Van Helsing d’opérette absolument pathétique, il est en roue libre totale, et les scènes dans lesquelles il apparait vire à la grosse potacherie franchement pas en adéquation avec le style visuel plutôt brutal et l’ambiance assez glauque du métrage. Peu en adéquation aussi d’ailleurs avec la prestation de Sylvia Kristel, à l’inverse beaucoup plus sombre, ténébreuse, et assez enthousiasmante dans le rôle principal. Alors certes son jeu d’actrice est parfois discutable, mais elle impose une sacrée présence, et elle utilise avec justesse son physique qui se prête fort bien à l’incarnation d’une femme vampire. Moins d’intérêt chez Lenny Von Dohlen, ou Marc Coppola, mais des acteurs honorables qui assurent assez bien le boulot. Bon travail aussi de Josef Sommer.
Le scénario pour sa part profite de plusieurs atouts : un rythme solide, bien aidé par une durée courte d’1 heure 20 en premier lieu. Ensuite une réelle capacité à proposer des moments forts, des passages qui figent l’attention (une scène satanique est très sympathique notamment). Néanmoins il faut avouer qu’il est un peu versatile dans le ton (confère l’humour de Stefan Schnabel), qu’il suit un développement qui n’a rien d’une grande originalité, et qu’il manque assez sérieusement d’ambition.
La mise en scène est vraiment laborieuse. Je ne sais pas si c’est parce que c’est son premier film ou si c’est le style commun de Christopher Coppola, mais c’est vraiment le « bordel » pour utiliser un terme familier. J’ai repéré deux passages vraiment mal faits, à savoir celui de la morgue et sur la fin lors du combat contre la créature. En fait Coppola semble être un maitre du raccourci express, donnant l’impression d’avoir supprimer des passages normalement nécessaires pour rendre certains moments intelligibles. Il a aussi un sens du montage fort discutable (la scène satanique est presque incompréhensible, et pourtant elle reste attrayante). Dans l’ensemble c’est saccadé, haché et vraiment pas terrible du tout. La photographie est heureusement meilleure. Typée, élégante, dotant le film d’une réelle ambiance, c’est un bon point, auquel s’ajoute les décors. Ceux-ci sont travaillés, malgré un budget que l’on imagine serré. Quelques scènes sont vraiment belles, et même si dans l’ensemble on sent les restrictions, the Dracula’s Widow est un film assez agréable esthétiquement parlant. Les effets visuels sont inégaux. C’est le gros ratage coté effets « high tech » avec un vol de chauve-souris risible, et quelques passages « lumineux » d’un ridicule achevé. A l’opposé les effets artisanaux, les maquillages sont très attractifs, virant parfois au grand-guignolesque (confère toujours la scène satanique) mais efficaces. Quant à la bande son je regrette qu’elle n’offre pas de bonnes vieilles partitions estampillées eighties. C’est vraiment timide de ce coté là.
En conclusion Dracula’s Widow est une petite série B mineure. C’est un film un peu trop brinquebalant, qui souffre, surtout, d’une mise en scène aberrante. Mis à part ce gros point noir, il y a encore des imperfections, mais malgré tout, le métrage s’en sort grâce à de réelles qualités, une belle générosité, et un vrai type. Ce film a une identité, une personnalité, et je dois dire que j’ai été assez séduit. Je lui donne 3, mais en tenant compte de son âge, de son petit budget, et du fait qu’il s’agit quand même d’une première réalisation, ce qui atténue, un chouia, les erreurs visibles.