Alors que le cinéma fût jadis très puritain dans le sens ou la frontière entre érotisme, pornographie et art traditionnel était clairement définie, François Ozon, avec son Jeune et Jolie vient renforcer la libéralisation du sexe sur grand écran, 2013 ayant été une année particulière dans ce sens. Si violence, torture et meurtre était à l’honneur des années durant, pour notre plus grand plaisir, convenons tout de même de ça, voilà que la baise entre dans les mœurs, rendant les mêmes frontières citées plus haut pour le moins floues. Si ce n’est pas un mal, n’ayant pas été élevé dans un nuage de ouate, soulignons tout de même que le sexe ne peut constituer à part entière l’attrait d’un film à proprement parler, tout un tas de pages internet y remédient allégrement. Pour tout dire, si Ozon tente de tenir son propos, s’il le fait de manière artistiquement convaincante, il n’en reste pas moins que son film est une ode à la libération sexuelle de la jeunesse d’aujourd’hui.
Beaucoup verront en Jeune et Jolie une dénonciation. Oui, mais beaucoup d’autres y verront en revanche le récit inerte de l’émancipation par la turlutte d’une jeune gamine de bonne famille, ni plus ni moins. Si dans un premier temps l’on semble avoir pitié de la gosse, la suite nous démontrera que la jeune femme est déjà cramée bien avant d’avoir commencé sa vie d’adulte, qui sera sans doute morne et dépressive. Si donné son cul semble être un jeu pour la jeune Isabelle, alias Léa, elle ne semble pourtant n’y voir qu’un acte de rébellion, sensiblement compréhensible comme étant sa manière à elle de vivre sa vie en toute conscience et sans l’aide de personne. Oui, alors que certains tombent dans la drogue, l’alcool et la délinquance juvénile, ici mademoiselle fait le tapin, sans mac, sans compter les sous, pour le simple fait d’exister. Une chance que celle-ci, le propos y étant amoindri, ne soit pas tombé sur de véritables détraqués durant la période des soldes.
Alors que le public est invité à réfléchir sur les motivations de la jeune fille de joie, étudiante mineure, évidemment, François Ozon semble prendre un malin plaisir à se moquer des conséquences, sachant pertinemment que le public, d’abord mal à l’aise, n’est finalement que très affriolant des péripéties sexuelles d’un jeune mannequin passé au cinéma. La belle Marine Vacth, qualifié de révélation française, aux cotés d’une certaine Adèle, en mai 2013, signe, il est vrai, une performance de choix. Souvent nue, souvent très directe, il ne s’agit pourtant pas ici pour la comédienne de donner un véritable coup de feu à sa nouvelle carrière tant ce type de rôle peut s’avérer être une prison. Qu’elle soit sincèrement touchante dans son rôle n’est pas la preuve d’un début de carrière fracassante, mais peut-être que je me trompe. En tous les cas, chapeau bas à miss longues jambes, au moins pour avoir osé.
Donc, si l’actrice principale est excellente, que peut-on dire du reste du casting, aussi plat qu’un lac de montagne par temps ensoleillé? Oui, la réaction de la mère face au tapinage de sa fille n’est-il pas complètement ahuri, sans réelle émotion vive? Oui, François Ozon aura mis l’accent sur Marine Vacth, le reste de la mise en scène n’étant franchement que peu enivrant, tant et si bien que si le film est court, une heure et demie, il paraît long. Au final, voilà un nouveau film polémique à la française, un film sur le sexe qui se veut tout autre chose mais qui retombe inlassablement dans les travers d’une bête fiction érotique telle qu’on les faisait à l’époque de la belle Emmanuelle, ou Joy pour d’autres. Si le public mâle, sans doute majoritaire dans les salles et devant sa télévision peut être touché par l’histoire d’Isabelle, soyons franc, c’est d’abord histoire de touché autre chose, quelque chose comme la braguette. Ceux qui pensent le contraire, partant dans de monstrueuses thèses philosophiques et artistiques auront sans doute quelque part un peu raison mais n’auront pas pris en compte le fait qu’une jeune et jolie fille qui baise et qui parle cul, c’est un peu comme un jeu pour nous autre tricard. Au passage et pour terminer, je souligne qu’artistiquement, la bande son est la véritable force du film. 07/20