François Ozon est un cinéaste doué, incontestablement, qui peut sauter allègrement d'un genre à l'autre: de la psychologie bien classique, voire planplan (Sur le sable) au psycho-thriller totalement tordu (Dans la maison, de loin sa meilleure oeuvre). De temps en temps, il s'amuse à réaliser un film esthétiquement immonde (qui a pu regarder 8 femmes ou Potiche jusqu'au bout?) Mais, ce qui lui revient toujours comme un prurit, c'est l'envie de choquer le bourgeois. Ce qui reste la meilleure façon de faire du fric, tellement le bon bourgeois parisien actuel aime à être choqué. Il n'en a jamais assez! Encore, encore!
Jeune et jolie est donc l'histoire d'une jeune fille, Isabelle, qui après un dépucelage laborieux sur une plage méditerranéenne, le jour de ses 17 ans, entame dès la rentrée scolaire une activité de prostitution. Bonne élève à Henri IV le jour, fille tranquille le soir dans une famille bourgeoise [mère compréhensive et aimante, Sylvie (Géraldine Pailhas), brave beau père un peu blaireau, (Frédéric Pierrot), et petit frère de 14 ans avec qui elle partage beaucoup, ce qui est complètement idiot, car tous les parents savent qu'entre une ado de 17 ans et son petit frère boutonneux, il n'y a aucun partage possible sauf des engueulades hargneuses dans la salle de bain] elle rencontre entre 18 et 20 h des messieurs dans des hôtels, des parkings..... pour 300 € qu'elle range soigneusement dans sa chambre, dans une pochette, entre ses petites culottes. Elle a un client régulier, un septuagénaire, Georges (Johan Leysen) qui la traite avec un peu plus de respect que les autres. Et qui, un mauvais soir, lui calenche dans les bras en état d'épectase.... Ce qui amène la vie secrète d'Isabelle au grand jour. Choc, particulièrement pour Sylvie, qui se demande comment elle a pu ne rien voir -et surtout, comment elle a pu tant manquer à ses devoirs de mère, pour que sa fille en soit là! On traîne la miss chez un psy, Serge Hefez soi-même.... qui se ridiculise, ainsi que sa profession (ça semble délibéré), en posant les questions à la con dont elle est spécialiste (les relations d'Isabelle avec les vieux messieurs seraient elles en rapport avec le fait que son père vient de se remarier et d'avoir un bébé? Hihihi!). Le film se termine sur une scène totalement grotesque: la veuve de Georges (Charlotte Rampling) visite avec Isabelle la chambre d'hôtel où le couple se retrouvait....
Marina Vacth, c'est le sosie de Laeticia Casta en maigre, avec quand même un peu plus de dons pour la comédie..... (c'est pas difficile). Comme à toutes les autres jeunes actrices, on lui a demandé moultes fois ce que lui faisaient toutes ces scènes de nu, et elles répondent toutes la même chose: non non, rien, je suis très pudique, mais du moment que je sais que le metteur en scène porte un regard respectueux sur moi, pas de problème, et puis on a bien rigolé en tournant. Une jeune actrice qui tournerait dans un film sans passage à poil obligatoire, qu'est ce qu'elle deviendrait? Elle serait blacklistée, pour sûr! Une jeune actrice -jeune et jolie- c'est de la viande!
Les critiques élogieuses prétendent qu'une des forces du film, c'est que les motivations d'Isabelle restent opaques. Se situer, dans le monde nouveau de la sexualité? Affirmer son pouvoir sur les adultes, en prenant leur argent? Ce qui est sûr, c'est que la sexualité est devenue tellement dévaluée (se débarrasser de la corvée du dépucelage; finir toute soirée en boîte avec un mec, peu importe qui il est) que je suis sûre que beaucoup plus de filles qu'on ne le croit sont prêtes à faire une passe sans aucun déplaisir, même pas pour "payer leurs études", mais juste pour une virée shopping chez H&M. Ca, je crois que c'aurait été intéressant à étudier. Mais le cas d'Isabelle, franchement, on s'en fout, et le film n'a pas grand intérêt....