Un film négatif et malsain
« Jeune et Jolie » de François Ozon est un film évoquant la quête de soi et l’évolution d’une adolescente, la recherche de sa propre féminité et de sa séduction, mais dans et à condition de la prostitution.
Tout d’abord, le vice naît dans la vie d’Isabelle lorsqu’elle décide de faire ses griffes non pas avec des expériences normales de jeunes, mais dans la sexualité sale et extrême d’une femme aux mœurs débridées.
En effet, en tant qu’adolescente, on se cherche, on essaye de s’identifier à un modèle, mais ici Isabelle s’identifie à une femme décadente, sans limite et sans morale pour acquérir de l’assurance et pour se sentir vivre (adrénaline). C’est un mouton égaré qui a choisit le mauvais berger...
Par ailleurs, cette actrice se fond avec le personnage : elle possède une beauté fraîche et angélique, tout en étant grave, une expression de jeune fille qui passe de l’innocence avec un manque d’assurance, à une confiance qu’elle achète par le biais de l’argent et de la vente de son corps.
Ensuite, Isabelle n’est pas un personnage si touchant qu’il en a l’air : c’est une jeune fille qui se défend d’aimer le social, la bonne couverture, la bonne image d’une fille de bonne famille. La caméra représente comme quelqu’un ne prenant pas tant de risques que ça et n’étant pas si adulte qu’elle prétend être : elle se prostitue dans le dos de sa famille tout en étant blanchie et nourrie.
Puis, il convient de noter que ce réalisateur semble aborder un sujet qu’il ne maîtrise pas et dont il ignore les conséquences : celui-ci n’aborde pas les charges terribles de la prostitution (luxe ou non) comme d’être violenté physiquement et psychologiquement, être soumise à un réseau de prostitution, avoir des maladies, et en somme perdre son intégrité morale et physique.
De plus, Ozon compare la prostitution pure à une aventure légère... Une chose si grave et extrême ne peut être comparée à une aventure d’un soir avec un homme... Le danger de l’œuvre réside pour des jeunes filles fragiles qui cherchent à être belles et à gagner de l’argent quitte à ce qu’il soit sale...
Toutefois, il convient d’observer qu’il n’y a aucune moralité dans l’histoire : une jeune fille sans structure intérieure et sans scrupule (malgré l’amour et le confort de sa famille) qui finira par être offensée de ne pas avoir maîtrisé jusqu’au bout son secret. Le prix à payé pour Ozon est que son ego est visé, impacté et non pas sa morale. Isabelle est un personnage métallique sans amour-propre, sans sensibilité, creuse, sans limites et sans remords qui aura une sensation d’échec et qui sera redressée à la fin juste à cause d’un psy et de reproches des tuteurs...
En somme, vaut-il mieux être une jeune fille qui dans sa vie, aura tout le temps de se chercher et d’avoir confiance en elle naturellement, mais dans l’ordre moral ? Ou alors, être comme Isabelle, se chercher aussi dans son être, mais à condition d’acheter aux hommes en tant que prostituée une assurance illusoire ?
Pour conclure, Isabelle est une femme prostituée concrètement, mais aussi en tant qu’adolescente fragile : celle-ci ne cherche pas les billets pour les consommer, mais pour se prouver que son unique moyen - sa beauté jeune et fraîche (mais éphémère), achètera le regard des hommes âgés et expérimentés qui selon elle, la paient pour une vague impression de confiance en soi. Ce plan tombera vite à l’eau lorsqu’elle sera obligée d’exposer la vérité et de rompre le lien avec le monde des adultes pour être soumise à l’image de l’adolescente jolie et sage, rentrée dans le rang, comme au point de départ...