Les animaux occupent l'espace, les arbres occupent le temps....
C'est un enchantement, une splendeur, un rêve..... Mais baptiser le film de Luc Jacquet de documentaire, non! C'est un film construit, écrit, et où les images de synthèse se marient sublimement avec les paysages, les animant, les faisant vivre -la croissance d'une plante, ou sa mort.... Les spores disséminées par le vent..... Images d'une incroyable poésie.
On rencontre des lézards bizarres, des grenouilles multicolores, de merveilleux oiseaux, des singes qui ne ressemblent à rien et des chenilles à tête de nounours dans ces forêts primaires. On envie le charmant botaniste Francis Hallé qui, confortablement installé sur un large embranchement en haut de la canopée, réalise d'exquis dessins, fins et précis, et en même temps poétiques, de son environnement.
On apprend beaucoup, aussi. Sur les stratégies de survie des arbres. L'un d'eux secrète des petits ovules, semblables à des œufs de fourmis. Ces gourdes, trompées, colonisent l'arbre.... et bouffent les chenilles qui allaient en dévorer les feuilles! D'autres, à l'arrivée d'éléphants gloutons, envoient un message qui rend amères les feuilles de ses voisins. l'éléphant, dégoûté, s'en retourne....
Bon: vous l'avez compris, il y a un message derrière. Philosophique, pour ne pas dire mystique. Pour les auteurs, la vie de la nature a un sens. Le sens de la vie est partout, diffus...
Mais qui en douterait. Qui n'a jamais ressenti ce sentiment religieux, mélange d'harmonie et d'une certaine crainte venue du fond des âges, en traversant une forêt profonde?