Pendant près d’une heure, on se dit que ce n’est pas très bon, que les dialogues et les personnages qui les débitent souffrent d’une écriture médiocre les enfermant dans tous les clichés du genre. Néanmoins, le film intrigue. Que le manoir devienne, le temps d’une nuit, un théâtre d’ombres où le passé remonte à la surface, les langues se délient et les vérités éclatent pouvait être une bonne idée, mais encore aurait-il fallu un scénario capable de penser au préalable l’enchaînement logique des révélations, leur insertion dans un mécanisme diabolique dont les fils auraient été tenus par la poupée. Or, en lieu et place, nous avons le droit à une cascade de bêtise, de la fille « au père » (plutôt à la mère, mais passons) qui fait un strip-tease devant l’enfant endormie dont elle a la garde à la marâtre nymphomane qui organise une séance érotique à distance dans le lit conjugal et en présence de son mari. Les incohérences se multiplient, comme la pauvre Nica enfermée dans l’ascenseur et que personne ne vient aider en dépit de ses appels à l’aide, comme la jeune Alice qui ne s’étonne pas de retrouver sa poupée avec un visage lacéré et raccommodé à la va-vite. La réalisation de Don Mancini est aguicheuse, elle cultive le beau plan qui n’a d’autre valeur que de faire stylé, alors même qu’elle échoue à imposer une quelconque identité visuelle à cette bouillie d’images esthétisées sans queue ni tête. Mais le pire – la fameuse malédiction promise par le titre, à n’en pas douter – arrive dans la dernière demi-heure, condensé de grand n’importe quoi à la dégueulasserie complaisante. On nous reraconte une histoire que nous connaissons déjà, mais en la pimentant, en l’agrémentant d’un prologue ridicule et invraisemblable. Et quand, enfin, le film paraît s’achever, eh bien on en remet une couche ! Fan service nul, suite de scènes horripilantes où les acteurs jouent tous plus mal les uns que les autres. La Malédiction de Chucky n’est pas un film d’épouvante – nous n’avons peur à aucun moment et ne sursautons jamais –, c’est une épouvante à lui seul qui entache l’œuvre originale et qu’il convient d’oublier sans plus tarder.