Chez nous c'est trois ! : les secrets du tournage

Noémie Lvovsky incarne dans Chez nous c'est trois ! une réalisatrice. Dans la réalité, elle est également metteur en scène : on lui doit en effet, entre autres, le très bien reçu Camille Redouble.

Chez nous c'est trois ! est le troisième long métrage de Claude Duty. Le metteur en scène, qui est aussi scénariste, revient après une absence de plus de 10 ans (depuis Bienvenue au gîte en 2002).

Les personnages des films de Claude Duty tentent constamment de trouver un sens à leur vie. Ils ont besoin de s'éloigner de leur quotidien. Ainsi, dans Filles perdues, cheveux gras, trois jeunes femmes en ont assez de leur vie et tentent de se prendre en main tandis que dans Bienvenue au gîte, un couple stressé par la vie urbaine décide de tout quitter pour s'installer en Provence et tenir un gîte. Enfin, dans Chez nous c'est trois !, la réalisatrice Jeanne Millet est dans une mauvaise passe. Elle se rend alors chez elle, en province, effectuant ainsi une sorte de retour aux sources.

Au début de l'été 2012, une campagne de financement participatif a été lancée. L'équipe du film a ainsi pu tourner "Baisers Fanés", le long métrage de Jeanne Millet avec Julien Doré dans Chez nous c'est trois !.

Il a été très difficile pour le réalisateur Claude Duty de financer son film : "Nous avons connu pas mal d’aléas, à commencer par la frilosité des financiers. D’abord parce que le scénario parle de cinéma, ensuite parce que, sur le papier, c’est une charmante petite musique qui peut sembler trop légère. Je savais pertinemment que l’incarnation des comédiens donnerait de l’ampleur à cette histoire. Et je ne me suis pas trompé", explique-t-il.

Elle-même scénariste, Noémie Lvovsky a retiré certains dialogues du scénario, ce qui a parfois plu à Claude Duty : "Elle a parfois eu raison, notamment pour la scène du cocktail d’après projection où Jeanne passe de la lumière à l’ombre et déambule, seule et saoule, parmi les invités. Avec le recul, c’est vrai qu’un réalisateur éprouve de la solitude dans ce genre de situations : après avoir été sur la sellette, vous redevenez le parent pauvre de la soirée."

Quand on lui pose une question sur son film, le personnage principal de Jeanne la réalisatrice répond toujours par un simple "je ne sais pas". Claude Duty considère qu'un cinéaste a le droit de ne pas analyser son film. Il explique : "Je fais des films qui répondent à une envie et non à des intentions claires. Analyser le « pourquoi » mène à l’introspection, ce dont on n’a pas forcément envie. Lors de la sortie de Filles perdues, cheveux gras, j’avais été choqué  par la réaction de certains adolescents qui me demandaient si j’avais voulu dénoncer quelque chose, quel était mon message... Je n’en ai jamais eu : je montre mais je ne démontre pas. L’inverse serait plus rassurant pour les spectateurs ; ils attendent souvent qu’un film serve à quelque chose."

L’idée du film remonte à 2005 après la tournée de Claude Duty pour l’Association des Comités d’Entreprise de Gaz et d’Électricité de France, laquelle demande parfois aux cinéastes de présenter leur travail ou celui des autres en province. Duty a opté pour le film ayant obtenu la caméra d’or à Cannes en 2006 : 12h08 à l’est de Bucarest de Corneliu Porumboiu. Pendant dix jours, il s’est ainsi rendu dans des colonies de vacances et des salles de fêtes comme le fait le personnage de Jeanne dans Chez nous c'est trois !. Il raconte : "J’ai trouvé formidable, parfois singulier, de vivre le cinéma par le petit bout de la lorgnette... C’était un sujet en or !"