Il ne faut pas se leurrer, David Yates a su montrer de la qualité sur ses réalisations fantastiques. On pensera notamment à la saga Harry Potter, depuis l’Ordre du Phénix jusqu’à son dénouement.
L’adaptation d’un univers fictif au visuel « réel » est un exercice difficile et nous l’avons appris à nos dépends (ex : Eragon, le Septième Fils, les Trois Mousquetaires, L’île aux Trésors, et on en passe…). Et pour la énième fois, c’est une nouvelle œuvre basée sur l’homme-singe qui nous est proposé. Le détachement avec le studio Disney se fait sentir, la fantaisie persiste moins dans l’esprit, même si elle peut prendre d’autres formes, parfois déconcertantes si l’idée est poussée un petit peu trop loin…
Pour commencer, un scénario rassurant. Le film nous projette plusieurs temps après un retour à la civilisation de Tarzan et Jane Porter, avec quelques décalages selon l’auteur original Edger Rice Burroughs. Ici, Yates conte très bien l’histoire sur les origines de John Clayton, son véritable nom ou encore Lord Greystoke. L’aristocrate élevé dans la nature n’a plus de secret pour personne de nos jours, et le zapping sur les détails insignifiants de son passé sont magnifiquement présentés entre flash-back et montage alternatif.
Et entre toute cette tendresse, le support du script est basé sur des enjeux géopolitiques et historiques. S’accordant sur les faits que la Belgique colonisait le Congo sous la menace militaire, des personnalités font leur apparition dont George Washington Williams (rien à voir avec George Washington, le père fondateur des États-Unis). Ce dernier, sous les traits de Samuel L. Jackson, se voit diplomate pour soulever un complot diabolique, orchestré par le Capitaine Léon Rom, avec un Christoph Waltz trop suffisant.
Alexander Skarsgård campe un Tarzan enchainé à son passé, malgré son retour en terre natale. Ses acrobaties auront de quoi nous captiver, ainsi que son « Bestial Touch » avec divers animaux. Il ne déplait pas mais nous regroupe sur un jugement neutre à son égard. Bien qu’il soit central à l’univers, il ne reste pas le plus divertissant de tous.
Quant à Margot Robbie, c’est toujours un régal de la voir jouer à son aise dans le rôle d’une femme forte et dominante face à l’adversité ou la difficulté. On aura vite fait trouver l’étincelle du film.
Les défauts de l’œuvre englobent principalement sa forme et sa pertinence dans la mise en scène. Les effets spéciaux numériques priment sur des décors abandonnés qui auraient certainement proposés une meilleure immersion dans la jungle. Car oui, à force de nous vendre du spectaculaire sans modération, on ne suit plus. Ce n’est plus alors de l’évasion divertissante, mais un recul direct de l’écran, nous faisant comprendre que l’aventure visuelle est peu abordable.
De même, les dialogues ne présentent pas la moindre efficacité, dès lors que tout devait reposer sur un visuel « normalement » réussi. On aboutit alors entre un mariage de vide émotionnel et surtout d’une cadence narrative rythmée sur la spéculation de l’épique.
Bref, Legend Of Tarzan désespère par son manque de réalisme prévisible et tombe dans le piège d’une maladresse calamiteuse malgré les nombreuses bonnes intentions en hommage au personnage emblématique de la jungle congolaise.