David Yates (réalisateur déjà des derniers et des moins performants « Harry Potter ») possède cette année à son actif deux sorties de films purement commerciaux. D’une part, « Fantastic Beasts and Where to Find Them », spin-off avec Redmayne et Farrell en tête d’affiche qui ne sortira qu’en mi-novembre mais qui devra se faire un nom dans les mois à venir en se perfectionnant au niveau de la promotion dans le tiers-monde, puis ce « Legend of Tarzan », qui sort aujourd’hui. Ce film Hollywoodien aux 180 millions de budget débute dans une Angleterre représentée par ses couleurs froides et mornes, une palette de gris très appuyée, des pavés au ciel nuageux, des bâtiments monotones aux moustaches bien taillées et pourtant cafardeuses des politiciens qui forment un nouvel espoir dans un pays qui, d’après eux, leur appartient de plein droit. Et c’est une joie de voir Jim Broadbent (qui multiplie les bons rôles depuis des années) dans le rôle du premier ministre véreux. L’ennui, avec ce nouveau « Tarzan », ce n’est sûrement pas le casting, mais plutôt le temps qu’il faut à ce long-métrage pour installer sa trame, ses buts et ses valeurs moralisatrices (assez désuètes dans cette adaptation, bien malheureusement). L’histoire débute donc lentement, entre dialogues sans grand intérêt pour le spectateur et flash-backs pas très bien réfléchis. Rajouter à cela l’arrivée de l’histoire d’amour entre un Tarzan dépressif (non mais réellement : Alexander Skarsgård interprète jusqu’à l’enfer de la caricature l’homme torturé, pas une scène ne se passe sans qu’on ne le voit attristé) et sa Jane favorite (Margot Robbie se débrouille plutôt bien, malgré qu’elle représente elle-même une belle caricature de la jolie blonde à sauver). Les éléments du casting qui sauvent réellement le film dans sa chute d’originalité sont Christoph Waltz (lui au moins ne tombe pas dans le préjugé du « gros méchant », plus ridicule qu’autre chose, chose qu’il faisait déjà dans « Spectre ») et (surtout) Samuel L. Jackson qui n’est pas là seulement pour faire rire mais aussi pour apporter une leçon et de la fraîcheur à une aventure qui en manque complètement. Le rythme de l’histoire est inégal et les scènes sont attendues. En plus de tout cela, on voit très bien les véritables décors en vue réelle, en comparaison à la multitude de scènes qui bénéficient d’un surplus d’effets spéciaux en tout genres. Et trop, parfois, c’est trop. Comme lorsqu’on s’aperçoit de la plutôt grande différence de couleur et d’autres petits (mais importants) détails d’un tigre lorsque la caméra le filme de loin ou en rapproché, par exemple. Des petits défauts surtout techniques, certes, mais notre manque de patience s’amplifie en même temps que la liste de ces derniers s’allonge. Ce « Tarzan version 2016 » est à voir pour sa dose d’humour bien trouvée et pour un Samuel L. Jackson en mode éveillé action-man, ce qui est très amusant et plaisant à voir. Belles lianes tridimensionnelles, ceci dit!