Prenez ‘Zombieland et son univers post-apo, remplacez les morts-vivants par des insectes et batraciens montés en graine et voilà, vous tenez votre ‘Love and monsters’, odyssée initiatique d’un ado maladroit pour rallier le bunker où aurait survécu son amour d’avant la chute de la civilisation. Il n’y aurait donc rien de très original à tirer du film, si ce n’est des monstres géants visuellement très bien fichus alors que le projet fait par ailleurs preuve d’une évidente modestie ? Non, définitivement rien d’original...mais à bien y regarder, quand le cinéma de genre américain mainstream a-t-il été original pour la dernière fois ? Aujourd’hui, au-delà de qualités proprement cinématographiques, ce n’est plus tellement l’intelligence du projet qui séduit mais l’état d’esprit dans lequel il a été conçu. Je n’ai d’ailleurs pas été tout à fait précis avec ma référence à ‘Zombieland’ : le second volet de cette franchise était agréable mais il n’était aussi que l’application scrupuleuse de ce qui avait fonctionné dans le précédent dix ans plus tôt ; il s’agissait donc d’une démarche empreinte d’ironie post-moderne vis-à-vis de l’ironie post-moderne du premier volet, mais aussi d’opportunisme, voire même de cynisme. Alors que ‘Zombieland’ premier du nom, justement...il s’en dégageait une irrésistible spontanéité, une certaine innocence même, avec ces tentatives d’humour méta dont personne ne savait comment elles allaient être perçues : on peut discuter l’originalité, on peut ergoter sur le savoir-faire mais en 2009, ‘Welcome to Zombieland’ était “Fresh””. Et c’est exactement la même impression qui se dégage de ‘Love & monsters’, au-delà de ses limitations, de son peu d’ambition et de ses maladresses : un truc sincère, un truc qui ne recoupe les clichés du genre que par inadvertance, un truc qui a juste ce qu’il faut de naïveté et de bons sentiments pour ne pas devenir le perdreau filmique de l’année, et juste ce qu’il faut de violence et de trucs gluants pour marquer les jeunes spectateurs : en résumé, une production Amblin arrivée avec 35 ans de retard. N’étant moi-même pas pas né de la dernière pluie, je sais que la sincérité n’est qu’un choix de ciblage et une posture parmi d’autres mais si le cinéma est l’art de l’illusion, alors celle-ci me convient tout à fait.