Ça fait du bien ! Se dire qu’aujourd’hui en France, il y a encore des jeunes réalisateurs qui se bougent le train pour que les choses avancent, même hors des sentiers battus, des gros budgets et de la stagnation ambiante du cinéma dans ce pays, nous avons enfin de quoi faire figure face au décalage belge, à la décadence américaine ou à la déviance nippon. Ça fait du bien et ça fait mal, car l’hexagone en prend pour son compte avec ce minuscule budget, 10 000 euros, même pas le coût d’un jour de cantine sur un film lambda. Le portrait que nous dépeint Cherkaski de la France dans ce film ne place pas la Marianne sous son meilleur profil. C’est une France sclérosée par sa propre image avec sa tour Effel, ses touristes, ses soirées Parisiennes, ses clochards et sa violence où nous invite le protagoniste de ce documenteur : Sorgoï Prakov, un touriste Sdorvien qui va goûter successivement aux plaisirs et aux vices que lui offre son trip. Au premier degré, on peut voir la descente aux enfers d’un pauvre type un peu ballot et un peu naïf qui se termine en film d’horreur après être passé par une palette impressionnante de sensations diverses, mais ce film m’apparaît plutôt comme un vrai questionnement sur les problématiques du cinéma contemporain, son système de production, ses résonances dans les autres formes médiatiques et ses incidences sur la réalité.