Xavier Dolan est un cinéaste brillant, c'est indéniable. Son nouveau film prouve qu'il peut proposer autre chose que du drame sentimental à forte connotation autobiographique. En s'appuyant sur une pièce de théâtre et en lorgnant vers le thriller, il élargit son champ d'action sans parvenir toutefois à maîtriser son énergie de jeune talent fou.
Malgré un titre enfantin, nous sommes loin de l'univers éthéré de "Martine à la ferme", la tendance ici étant quand même d'envoyer valdinguer les idées toutes faites. Dans un univers agricole québécois profond, Tom, jeune homme à la chevelure péroxydée, se rend aux obsèques de son amant. Désireux de rencontrer la famille, il va finir par y séjourner, contraint par Francis, le frère du défunt et sous le regard avide de détails d'une mère refusant de voir la vérité. Les rapports de Tom avec Francis, totalement névrosé et la violence sous la peau, seront des plus troubles entre attirance et répulsion. L'atmosphère, empuantie par des tombereaux de non-dits, deviendra lourde et angoissante.
Toujours travaillé par la question sexuelle, Xavier Dolan s'essaie cette fois-ci au film psychologique façon Hitchcock, qui est ici abondamment cité au fil des scènes. Je ne sais pas encore s'il a vraiment un style, mais on peut déjà lui reconnaître, ce que certains appellent déjà des tics, un tendance gonflée de faire surgir des scènes ahurissantes ou étonnantes ou décalée, utilisant avec brio tout ce que bon lui semble, se démarquant ainsi totalement des maîtres auxquels il fait référence. Ici, on appréciera la musique des funérailles, sorte de mélodie pop sucrée pour karaoké ou l'ébouriffante scène de tango aux dialogues acides. Cela donne à ses films un côté foutraque mais je lui reconnais le grand talent d'arriver à faire passer ces flashes d'originalité sans que l'on sourit ni se moque, apportant toujours des éléments intéressants aux personnages.
Cependant, toute brillante soit la mise en scène, le film peine un tout petit peu à convaincre dans la deuxième moitié, dès qu'arrive Sarah, la fille de la photocopieuse sensée être la fiancée du mort. Je passerai sur l'allure Bonnie Tyler du personnage (Xavier Dolan, en plus de la réalisation, de l'interprétation, du scénario, est aussi aux costumes et ce n'est peut être pas ce qu'il fait de mieux) pour tiquer sur le soudain manque de cohérence que prend le récit. En plus de cette venue peu crédible, le personnage de Tom est atteint du fameux syndrome de Stockholm, revirement scénaristique assez improbable qui soudain, enfonce le spectateur dans l'incompréhension.
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