Cette impression toujours désagréable d'être passé à côté de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être un excellent film.
Une bonne idée de départ, une vraie atmosphère.... Manque juste un truc, qui sert au cinéma: un scénario!
Tom (Xavier Dolan, le très jeune réalisateur himself), joli blondinet décoloré et bouclé, va assister aux obsèques de son compagnon; la famille vit dans une très grosse ferme, où elle élève des vaches, au sein d'une campagne québécoise assez plate et lugubre (il est vrai que c'est l'automne). Tom comprend rapidement que la mère (Lise Roy) n'est absolument pas au courant de l'homosexualité de son fils, et qu'elle est persuadée que celui ci est fiancé à une certaine Sarah, qui devrait être là! Pourquoi n'est elle pas là!! Cette fable, elle a été inventée par le frère aîné, Francis (Pierre-Yves Cardinal) qui s'occupe de la ferme. Pour protéger sa mère, dit -il. En fait, on comprend très vite que Francis est une brute, dont la violence est le seul moyen d'expression, sexuellement frustré, et probablement d'autant plus homophobe qu'il a lui même des tendances homosexuelles refoulées. On apprend que personne au village voisin ne veut approcher la ferme, tant on a peur de lui. C'est un personnage complexe et passionnant, et l'acteur qui l'interprète est formidable (il est généralement sous-titré, tant son parler canadien est incompréhensible....). Voyez: bon schéma de départ.
Francis persuade Tom, publiciste de son métier, de rester à la ferme. Et à partir de là, certes le thriller se développe, avec des moments réellement inquiétants, mais rien ne tient debout. Pourquoi Tom reste t-il avec ces deux cinglés? (Parce que la mère est assez grave aussi, dans son genre....) D'où lui vient cette soudaine passion pour les petits veaux? Manifestement, il y a une attraction certaine entre les deux garçons, qui nous vaut quelques belles scènes, une relation de soumission d'un côté et de sadisme possessif de l'autre, mais plus le film progresse, plus les motivations de Tom deviennent incompréhensibles, et à mon avis, Xavier Dolan n'en sait pas plus long que nous -et il s'en fiche.
Dommage!