Après son sordide Bullhead, le jeune belge Michaël Roskam revient pour cette adaptation d’une nouvelle de Dennis Lehane, déjà derrière Gone baby gone, Mystic river et Shutter island. On y suit le toujours excellent Tom Hardy, ici tenancier d’un bar de dépôt pour le compte d’une mafia tchétchène. Avec « cousin Marv’ », dernière apparition de James Gandolfini, célèbre pour son rôle de parrain dans Les Soprano, il passe ses nuits à cacher des enveloppes qu’il transmet ensuite. Le job est facile, rentable, et ne présente de risque que s’ils osent moufter. Bob, lui, sait retenir sa langue, mais pour son complice c’est plus difficile. En attendant le drame qui leur pend au nez, notre serveur taiseux développe sa vie personnelle : il fait la rencontre d’un chiot tabassé, d’une voisine fuyante, d’un ex trop brutal pour donner confiance. Mensonges, non-dits, braquages et rachats de parts, petits arrangements entre amis de façade, c’est tout un microcosme qui se croise pour le meilleur et surtout le pire, comme dans une querelle de quartier qui ne peut que mal finir. Le film est lent, atmosphérique, porté autant par son ambiance que par son scénar, mais l’intrigue complexe qui se révèle petit à petit offre un suspense efficace. Loin des grosses productions qui étalent leur budget pour draguer les masses, Quand vient la nuit préfère miser sur l’intimité, et le fait avec assez de force et de justesse pour toucher son but. Cinéaste à suivre.