Après « Rundskop », Michael Roskam a reçu l’opportunité de réaliser un film à Hollywood, et s’en sort avec les honneurs, passant de la « tête de bœuf » au pit-bull blessé !
Certes, on a un peu plus de mal à retrouver la patte du cinéaste flamand, pour ce qui est un film de commande et un film noir et maffieux qui ne révolutionne pas le genre. Pourtant, on ne s’ennuie jamais avec ce récit efficace, qui fonctionne surtout grâce à des personnages forts. Chacun se révèle de plus en plus intéressant au fur et à mesure que l’on va au-delà des apparences. Roskam bénéficie aussi d’un casting de luxe, avec un Tom Hardy en grande forme, un Matthias Schoenaerts terrifiant, une Noomi Rapace mystérieuse et un James Gandolfini émouvant pour sa dernière apparition à l’écran. Seul le personnage du détective peut sembler quelque peu superflu.
Ce qui démarque légèrement The Drop des films similaires, c’est le rôle de Rocco, le chien, révélateur de l’animalité des hommes et en même temps leur rédempteur. Sans être très présent à l’écran, il est toujours marquant. C’est avec ce thème qu’on retrouve les préoccupations de « Rundskop », même si l’on reste un peu trop en surface. Il reste aussi une belle atmosphère des lieux banals de Brooklyn, ces lieux quotidiens où, dans l’ombre, se jouent parfois des trames violentes et secrètes, matérialisées par ce « Drop-bar ».
Bref, voici un film classique mais efficace, qui devrait plaire aux amateurs d’histoires sombres et d’acteurs inspirés. Pour son premier film hollywoodien, et son second long-métrage tout court, Roskam a évité les pièges où sont tombés avant lui pas mal de cinéastes non-américains. S'il parvient à garder cette base et à y ajouter un peu plus sa griffe personnelle, ses prochaines oeuvres s'annoncent prometteuses!