"Quand vient la nuit" a une histoire bien particulière puisque le scénario de ce film a été écrit par Dennis Lehane à partir d'une de ses nouvelles "Sauve qui peut", pour le réalisateur Michaël R. Roskam, pour ensuite devenir un roman reprenant le titre du film, toujours sous la plume de Dennis Lehane !
Après cette anecdote, on ne peut que saluer le travail du duo écrivain/réalisateur...
En effet, ce thriller noir nous plonge dans une ambiance très particulière, une fausse tranquillité entre douceur et lenteur, doublée d'une angoisse sourde, où la tension arrive par petits bouts comme si on la saupoudrait par d'infinis détails qui prennent corps tout à coup pour constituer le fil conducteur de cette histoire.
De plus, on reste bouche bée devant la qualité des images et des plans, qui renforcent cette atmosphère de nuit comme de jour, tellement cet hiver est gris et triste à Brooklyn !
Quand, on ajoute à cela tous ces personnages hors norme, dont l'acteur principal Tom Hardy est fascinant, on ne peut être que comblé.
Ce dernier, en effet, joue sur un registre très neutre, presqu'en retrait, sans affect, sans émotion, ce qui lui donne un côté minéral, rassurant et inquiétant à la fois...
Sa démarche chaloupée, son regard impassible et son attitude nous questionnent très longtemps à son sujet.
Car tout est fait afin qu'on se demande qui est vraiment ce Bob, entre cette fille Nadia, incarnée superbement par Noomi Rapace, son obscur employeur d'oncle Marv, et tout ce monde qui gravite autour de lui, police, truands, mafia dont les rôles sont confiés à des acteurs, tous à la hauteur.
Le questionnement face à ce blanchiment d'argent, très bien illustré par ailleurs, et à ce qu'il génère chez les uns et les autres, va crescendo.
Sans en dévoiler la teneur, la fin vaut son pesant d'or et on ne sait pas s'il faut rire ou pleurer du comportement de Bob, comme Nadia elle-même qui reste effarée !
Franchement cette terrible scène est unique et donc à savourer comme il se doit, tout comme une autre incroyable où la préparation d'un certain emballage est sidérante...
Après le superbe "Bullhead", nous voici avec un film on ne peut plus maîtrisé et habile, beau et inquiétant, dense et puissant, à découvrir vraiment et sans hésitation...