Avis sur La Soif de la jeunesse

L'initiation amoureuse et professionnelle d'un jeune homme selon Delmer Daves qui ècrit, produit et rèalise ce beau mèlodrame du dèbut des sixties! On y retrouve par moments les films de Douglas Sirk des annèes 50! Le personnage incarnè par Troy Donahue est nè en fait dans un monde d'ouragans! il a les jambes frêles mais il doit trouver la force de tenir! il peut rèussir de deux façons : lentement, douloureusement, en supportant tous les coups de la vie, il peut affermir ses muscles, tirer la force de son esprit! Ou bien il peut survivre à la tempête en s'accrochant à un mât! Mais s'il fait ça, il ne peut plus s'ècarter de ce mât ni s'accrocher à autre chose! La plupart des hommes s'accrochent! Même le tout-puissant Karl Malden qui a besoin de dominer les gens, de les possèder, de les manipuler pour èprouver sa propre force! il y a diffèrents sortes de mâts sans lesquels bien des hommes tomberaient! Pour certains, c'est une femme! Pour nombre de femmes comme Connie Stevens, Diane McBain (aussi belle et insaisissable que le mercure) et Sharon Hugueny, c'est un homme comme Parrish McLean alias Troy Donahue! Les 2500 hectares d'abris à tabac (le meilleur tabac du monde dit-on) que nous voyons dans le film sont joliment mis en valeur dans la belle vallèe du Connecticut, avec des sèchoirs qui ressemblent à des granges très serrèes! Qualitè de la mise en scène, qualitè de la photo, qualitè de l'interprètation! Avec cerise sur le gâteau, l'excellente musique du grand Max Steiner...

Eh, mais c'est Dallas avant la lettre ! Un univers impitoyable où l'on trouve : coups fourrés, fièvre entrepreneuriale, nymphomanie galopante, haines inextinguibles. Dans les champs de tabac du Connecticut, c'est la guerre ouverte entre un magnat sans scrupules et de petits exploitants qui se font dévorer, l'un après l'autre. Une vraie saga feuilletonesque dirigée habilement par Delmer Daves, certes moins tranchant que dans les années 50, mais qui n'a pas tout à fait perdu la main. Intéressant, ma foi, même si on y reconnait tous les poncifs du genre.

Il ne faut pas séparer ''la soif de la jeunesse'' du groupe des quatre superbes mélodrames réalisés par Daves en fin de carrière et qui ont en commun un jeune acteur d'une grande séduction, Troy Donahue. Les voir et les revoir, on ne peut s'en lasser tant ils sont beaux, émouvants et enrichissants. Dans ''Parrish'' il y a en plus Claudette Colbert qui fait un sans faute autant comme comédienne que comme personnage, elle est le digne pendant de Dean Jagger, ils donnent tous les deux un sens à leurs vies en se servant de leur expérience. Outre son intérêt cinématographique, ce film contient de grandes leçons de vie qui s'appuient plus sur le vécu que sur la morale trop souvent évoquée sur ces sujets familiaux. On ne peut aussi passer sous silence la culture du tabac qui tient une grande place et sur cet aspect là, lorsque l'on connait aujourd'hui le danger qu'il représente, il y aurait beaucoup à dire. En tout cas, comme d'habitude lorsque un grand cinéaste intègre du documentaire dans une de ses œuvres, il n'y a pas mieux. Les trois jeunes femmes (Lucy,Paige et Alison) aussi différentes que féminines ont vraiment de quoi faire tourner la tête de Parrish qui aura besoin de sa nuit passée en sous marin sous le pôle Nord pour en ressortir avec des idées claires. Karl Malden comme trop souvent pousse son rôle en excès mais cela à le mérite de montrer que l'éducation extrême qu'il impose à ses deux fils n'est pas non plus la solution idéale pour en faire des hommes libres et tournés vers le bien. Les petits défauts de '' la soif de la jeunesse'' n'empêchent pas d'admirer la mise en scène de Daves qui alterne avec bonheur les moments intimes et les grands mouvements de caméra en recherchant avant tout la beauté sans vouloir étaler son savoir faire.