Alala, The Canyons...
Rarement j'avais vu un film se faire autant démolir par la presse, pourtant, il était attendu (peut-être trop justement ?), les premières images et le casting attisaient la curiosité, réunir la star déchu Lindsay Lohan, l'acteur porno James Deen et même Gus van Sant pour une apparition (et puis d'autres inconnus) était cul-otté mais c'est surtout du côté de derrière la caméra (pas très français tout ça...) que cela devenait intéressant, à la réal, Paul Schrader, connu pour avoir scénarisé plusieurs films de Scorsese (dont Taxi Driver et Raging Bull) et au scénario, un p*tain de psychopathe, Brest Easton Ellis (auteur d'American Psycho). Avec de tels ingrédients, le cocktail s'annoncait explosif, incisif, violent, trash, un futur film culte était peut-être né...
Mais c'est à Venise que la presse à commencer à nous refroidir, en crachant sur le film de manière parfois violente comme : "C'est ce genre de film pseudo-arty et sans intérêt qui est en partie responsable de la fermeture et de l'abandon des salles de cinéma, phénomène qui est montré pendant le générique de début et de fin de The Canyons (The Hollywood Reporter)" ou encore "The Canyons donne l'impression d'une série B quelque peu boursouflée (comme Lindsay Lohan ? Désolé, ça, ça vient de moi) qu'un Schrader égaré a réalisé parce qu'il n'avait rien d'autre à faire (London Evening Standard)."
Mais alors cette haine envers ce film est-elle mérité ? Bah non, pas du tout. Loin d'être un mauvais long-métrage, The Canyons est même plutôt bon et les arguments sortis par la presse sont infondés, c'est comme se mettre d'accord pour s'acharner sur une tête de turc à l'école pour faire passer le temps et pour se marrer un peu, et bien voilà The Canyons EST cette tête de turc. Premièrement, la mise en scène de Schrader est loin d'être mauvaise et offre des plans assez ambigües au message très "sexuel", elle est même excellente lorsqu'on sait que le film s'est fait seulement avec 250 000$ ! Aujourd'hui, c'est à peine de quoi payer le cinquième assistant de la femme de ménage qui nettoye les décors d'un film.
La simplicité de la mise en scène (dotée d'une photographie très flashy) participe à cette ambiance froide et déshumanisé qui transporte tout le film jusqu'au dernier acte, cruel. Ce n'est pas du grand cinéma mais ça se laisse regarder très facilement et la critique qui y est faite sur Hollywood est vraiment intéressante, l'idée que l'on fasse des films pour s'occuper et pour ramasser un peu de fric montre une facette bien moins glorieuse du cinéma et beaucoup plus perverse (par rapport à l'idée que l'on peut s'en faire), une industrie dépourvu d'ambition ou d'amour. Ici les producteurs, scénaristes (quand il y en a) et acteurs sont des tarés cocaïnomanes, accros aux c*ls prêt à tout pour avoir ce qu'ils désirent et de ce point de vue-là, avoir engager des types comme Lohan et Deen est une merveilleurse idée, ils jouent leurs propres rôles tant leurs vies privées (si ils leurs en restent une, surtout concernant Lohan) se rapprochent de leurs protagonistes (en pire ici).
On est donc très loin de la bouse annoncée, le film en est même "plaisant" et captivant dans le message qu'il veut nous faire passer, le climat froid (aussi blanc que le tein de Lohan dans le film) voire glauque lorsqu'il s'agit de filmer les scènes érotiques est réussi grâce à une mise en scène efficace et ambivalante ainsi qu'aux très bon acteurs, peut-être le film aurait-il dû aller encore plus loin dans la violence et dans son propos pour réellement marquer les esprits, il en restera juste un film regardable très facilement mais pas inoubliable.