Sorti en salles mais surtout en VOD à partir du 5 août 2013, The Canyons ne sera à l’affiche que le 19 mars en France (naturellement les plus pressés auront déjà pu le voir). Très attendu, ce thriller érotique a franchement déçu spectateurs et critiques, qui y ont néanmoins trouvé beaucoup à redire voir à sauver, la performance de Lindsay Lohan en particulier.
Au programme, le quotidien de cinq jeunes adultes en quête de pouvoir, de succès, de satisfactions et pour certains de reconnaissance. Au-delà de Lohan, le casting est sulfureux, avec notamment la star du porno James Deen, mais aussi le cinéaste Gus Van Sant apparaissant dans le rôle d’un psy. Le film est réalisé par Paul Shrader, scénariste de Taxi Driver et La Dernière Tentation du Christ, auteur de Auto Focus ; et plus notable encore, il marque le passage de l’écrivain Breat Easton Ellis au cinéma, en tant que scénariste. Tout le monde est fin prêt pour mettre en scène la décadence sensuelle des happy few.
Toute la séance baigne dans le luxe ; la débauche et l’opulence, contrariées par une angoisse sourde. Une décomposition est à l’œuvre, elle ne concerne pas le statut ni la richesse de ces personnages, mais bien leur désintégration dans ces grands espaces où ils sont des maîtres sans sujets, jouisseurs arrogants aux ancrages superficiels. The Canyons exhibe la fatigue psychique et morale engendrée par le piège d’un confort matériel où on ne trouve de perspective que dans le sexe et le repli.
Ainsi après 80 minutes de soap chic & choc où l’excès de coke, de sexe, en bref de vie facile et frivole, débouche sur l’horreur à force d’avoir plongé dans le vide. Pas un happening meurtrier, juste une petite secousse, sèche et définitive. Puis il faudra relancer la machine. Et ça s’en tient là (dénouement pataud et kitsch). Le spectacle est franchement agréable, servi par une direction artistique de haut vol (la photo de John DeFazio), mais Shrader et son équipe sont piégés par leur sujet. The Canyons est un peu comme ses protagonistes, surjouant la noirceur ou l’intensité alors qu’il est résigné et sans contenu. Dans un tel cas de figure, on se fait plaisir, on joue avec le feu, écrasés par la fatalité de toutes façons. The Canyons raconte bien ceci, ce manège de morts-vivants tirant parti de l’existence.