Quand je décide de regarder « Pas de scandale », ce n’est pas pour Benoît Jacquot, c’est pour Fabrice Luchini, Isabelle Huppert et Vincent Lindon en priorité et Vahina Giocante à la rigueur.
Fabrice Luchini a un rôle contre-emploi dans la mesure où il parle avec économie. Seulement la direction d’acteurs de Benoît Jacquot passe Grégoire Jeancourt pour un ravi de la crèche. Les mimiques mutiques de Fabrice Luchini ne me paraissent pas toujours très heureuses. Et pas toujours naturelles.
Où veut vraiment en venir le metteur en scène ?
Entendu, Grégoire Jeancourt est déstabilisé depuis son retour de prison où il a effectué une peine de quatre mois pour malversations financières. En vérité, on ne sait pas trop.
Entendu, séjourner en prison doit chambouler fortement le système, d’autant que ce Grégoire Jeancourt est célèbre.
Il erre dans son immense appartement au milieu de sa femme et des siens.
Il erre dans Paris, il évite son petit frère, s’acoquine brièvement avec une coiffeuse, bref, il se cherche car il est perdu. Et il n’est pas le seul perdu : son frère justement (Vincent Lindon), la petite coiffeuse (Vahina Giocante) et moi avec !
Je me suis bien ennuyé.
Cependant, je l’avoue, le récit partait bien, j’étais très attentionné au parcours de cet homme, j’avais soif de savoir comment sa relation avec sa femme Agnès (Isabelle Huppert) allait évoluer. Au lieu de ça, ça part un peu dans tous les sens avec des personnages inintéressants. La seule consolation : le corps nu de Sophie Aubry (Véronique) ; je provoque car cette séquence m’a paru bien gratuite. Puis peu à peu, le mutisme de Grégoire Jeancourt se noie au milieu de ces personnages inintéressants. Ils prennent trop de place et me sortent du récit.
Benoît Jacquot, réalisateur pour lequel je n’ai pas une très grande tendresse me brosse superficiellement quelques portraits pour lesquels je suis resté indifférent, hormis l’épouse de Grégoire Jeancourt.
J’ai bien compris que tout le monde pouvait aller en prison quelle que que soit sa condition sociale (Ouh là là). Ainsi Benoît Jacquot s’amuse à opposer deux hommes sortis le même jour de la Santé au langage différent : le châtié et le grossier. Les deux sont bien soulignés. Tellement perdu le Grégoire qu’il se reconnaît dans la petite frappe ; habité soudainement d’un esprit de camaraderie carcérale, il se rendra aussi soudainement compte que cette relation ne lui apportera rien.
En soi, comme Grégoire, j’erre de personnages en personnages qui ne m’apportent rien…