Et bien oui. A quoi s'attendre ? Parce que franchement, la poiscaille, ça n'a jamais été mon truc. La mer, ses animaux bizarres, ce liquide au travers duquel tu ne vois rien (je me baigne à Dunkerque) et qui cache tout un monde. Yierk. Non vraiment pas pour moi. Et puis Aquaman, sérieusement. Le roi des mers, l'homme-poisson, le super-héros des océans, ça fait un peu Captain Planet rencontre Flipper le dauphin. Non. Pas motivé, j'irais voir autre chose. Et puis Jason l'égocentrique qui bégaye Momoa, il a eu beau envoyer dans la série The Red Road, il n'a pas l'impact magnétique d'un Vincent Chase. Quant a réalisateur, James Wan, le pape de l'horreur bon marché, pourquoi lui ? Snyder, c'est du spectacle. Patty Jenkins pour Wonder Woman, ça a du sens. Mais James Wan ? Sauf que...
Et oui, sauf que, comme dirait un ami pêcheur, les appâts rances sont trompeurs. Et il me semblait très rance l'appât, il sentait la mécanique bien huilée du blockbuster sans âme pour te faire une belle prise dans un banc de spectateurs engourdis par l'hiver.
C'était sans compter sur un traitement en nage libre pour celui qui m'apparaissait comme l'un des super-héros les moins intéressant (sans détrôner Captain America qui ironiquement touche le fond).
Jason Momoa d'abord, bâtard né d'un père Surfaciens et d'une reine des mer, qui endosse les écailles avec toute la classe que lui permet son joli minois et son physique de champion de natation. Efficace dans l'action, fils aimant, blagueur dans l'adversité (un peu trop), rebelle et intègre, mèches blondes et teint cuivré, l'acteur déploie tout son arsenal au service d'un personnage à la fois charismatique, jemenfoutiste et débordant d'assurance. Et au milieu de la houle, dans un univers aquatique luminescent et débridé, ça marche.
L'histoire d'Aquaman prend ses marques dans la légende de l'Atlantide, un Wakanda technologique avant l'heure, un monde qui ne se refuse visuellement aucune limite. Si vous avez envie de voir des chevauchées d'hippocampes et de requins, des submersibles qui empruntent aux créatures marines hybrides, des volcans sous-marins, des méduses géantes lumineuses, des supers-pouvoirs aqueux et un cousin du Kraken, c'est possible. Tout est là, sous vos yeux.
James Wan crée un trip visuel qui fait la part belle aux couleurs vives, un aqua-trip assez cohérent dans sa démesure pour faire passer l'évidence du scénario où se succèdent des combats à couper le souffle.
Le premier est d'ailleurs révélateur de cette attention tant il nous impressionne dans un plan séquence alternant vu plongeante et tournoyante autour des coups et des corps propulsés dans les airs. Autre exemple, lorsque le peuple des abysses se décide à rentrer dans la danse, il nous gratifie d'une scène impressionnante où la partie immergée de l'iceberg est magnifiquement mise en scène, et au diable qu'il s'agisse de CGI.
Alors certes, tout n'est pas parfait et le scénario n'évite pas certains écueils entre romance et choix faciles mais il faut reconnaitre que le fait d'ouvrir les vannes tout en se permettant même un petit rappel à l'ordre écologique bien placé rend cet Aquaman agréablement surprenant.
Aqua bon résister, laissez-vous tenter, elle est bonne.