Suite à l'incroyable succès de la première réadaptation de "Ça" en septembre 2017, l'argentin Andrés Muscietti ("Mama") nous livre la tant attendue suite du dyptique parvenant à réactualiser l'oeuvre de Stephen King (1986) sans trahir l'esprit du récit original. "Ça: chapitre 2", deuxième et ultime partie de l'adaptation de la saga littéraire du King de l'horreur narre le devenir des protagonistes Bill, Ben, Richard, Stan, Mike, Eddie et Beverly (Jessica Chastain), 27 ans après les événements relatés dans le premier opus. Désormais âgés de la quarantaine et ayant tiré un trait sur leur adolescence et les traumatismes subis à Derry, les jeunes gens apprennent le retour de ÇA, l'entité maléfique à forme de clown (Bill Skarsgard) à la suite d'un événement désastreux à la sortie d'un parc d'attractions. Les jeunes gens se retrouvent de nouveau hantés par la terrifiante créature sous de multiples formes. Celui qui se surnommait autrefois le "club des ratés" se reforme pour affronter ses peurs ancestrales. Une nouvelle fois, Muscietti nous invite à un sympathique train fantôme de presque trois heures, réussissant à éveiller en chacun les menaces le plus profondes. Bien sûr, on ne retrouve pas dans cette suite ce qui faisait toute la stupeur du premier opus, la recette du roman de Stephen King s'usant au fur et à mesure que le film, mais chaque séquence macabre maintient le même plaisir / sentiment de malaise que nous ressentions face aux tourments des enfants vingt-sept ans plus tôt ! Le Grippe-Sou incarné par Skärsgard, doté d'un maquillage plus jouissif que jamais, confirme être une véritable terreur en herbe ! Charismatique, effrayant et mystique, il surpasse facilement le clown avare en amour interprété par Tim Curry il y a trente ans de cela. Presque exaspérante, mais sans pour autant alourdie de dialogues de type "je vanne à tout va", chaque apparition de l'antagoniste est servie par des effets spéciaux à la pelle, sous la réaction d'acteurs protagonistes plus dépassés que jamais par les événements. Pour son premier vrai grand rôle au cinéma, le jeune Skarsgard a vraiment fait du bon boulot ! Quant à Jessica Chastain, incarnant une Beverly bien mûrie, elle trouve ici chaussure à son pied avec un personnage toujours plus touchant au masculinisme bien marqué par sa complicité avec le Club. La musique composée par Benjamin Wallfisch oppresse l'effrayant de certaines scènes avec son atmosphère de cauchemar, aux cordes de violons plus raides que jamais, sans qu'elle ne construise à elle seule chaque apparition du clown en cherchant vainement à faire peur, par rapport à d'autres horreurs contemporains tels que "Insidious", "Conjuring: Les dossiers Warren" ou remakes en tout genre. Là ou le film faiblit un peu, c'est au niveau de la durée. La surenchère d'effets spéciaux, bien que très bons, prend le pas sur la longueur du récit, s'étendant ainsi quelque peu inutilement.
Le très grand nombre de scènes beuglardes telles que le labyrinthe de verre, le collège, le sous-sol de chaque domicile... A défaut d'être plaisant, on atteint l'overdose !
"Cauchemardesque" est l'adjectif exact pour décrire l'ambiance pesante du film. Dans la lignée du précédent métrage, l'Amérique dans laquelle vivent les héros est ici présentée comme une sorte de contraste entre le monde réel et le mauvais rêve: en effet, dans le film outre les protagonistes, chaque personnage est tordu et inconscient des maux d'enfants (et de ceux qui le sont, quelque part, resté). La mise en scène donne l'impression que chaque personnage et lieu infréquentables cache une identité du "ça".
Par exemple, la séquence dans l'ancien appartement de Beverly, désormais habité par une vieille dame se révélant pour des raisons évidentes être "la chose". En outre, les six amis subissent une véritable évolution mentale au cours de cette terrible épreuve. La séquence finale -l'anéantissement de Grippe-Sou et la destruction de son coeur-, belle dans sa forme et dans son discours, nous montre un groupe d'écorchés vifs unis, envers et contre tous, renoncer à ce qui lui est source de déconfort.
Le réalisateur a pour le coup multiplié par deux le nombre de scènes de persécutions des personnages, ce qui ma foi aurait très bien pu être montré en quelques minutes, sans plus. Certes, cela suscite de la pitié par instant, mais à un certain point le récit frôle l'invraisemblable.
La scène d'incipit à elle seule et ce qui s'ensuit symbolise ma pensée ! Suite au passage à tabac de deux homosexuels, l'identité mystique du clown réapparait et ceux que nous connaissons bien vont subir à leur tour. De l'excès bien appuyé par les nombreuses créatures monstrueuses survenant au cours du film, symbolisant nos peurs ancestrales.
Résultat des courses? Non-dénuée de défauts, ce dyptique remettant au goût du jour l'oeuvre du King de l'horreur est très réussie ! Entre comédie noire aux touches d'humour qui ne manquent pas de mordant, thriller social et psychologique, le dyptique "Ça" est une adaptation complète, innovante et à peine gâchée par des longueurs qui amèneraient le spectateur à l'ennui. Grosso modo, une suite un poil en dessous du premier film mais satisfaisante.
La boucle est bouclée et je suis plus qu'assez satisfait. PS: le caméo est très réussi.