Le premier était loin d'être parfait, mais pouvait au moins compter sur quelques belles qualités, notamment ce visuel « so 80's » lumineux. C'était malheureusement prévisible : après le triomphe du chapitre 1, persuadé que presque tous les spectateurs seraient de retour, Andy Muschietti a choisi de tout miser sur les effets visuels sans se préoccuper presque un seul instant du scénario, au point de virer quasiment à l'accident industriel. Ici, l'illusion aura duré une grosse demi-heure, le temps d'une introduction forte et d'une présentation un poil longuette mais efficace des personnages et ce qu'ils sont devenus, cette manière de les ramener brutalement aux dramatiques événements de leur enfance fonctionnant bien, le casting se montrant relativement à son avantage. Et puis, une fois l'excessive scène de
l' « attaque » du restaurant chinois
, le trou noir. C'en est même hallucinant de voir un film jusqu'ici d'assez bonne tenue s'effondrer à ce point, de façon presque volontaire qui plus est. Alors sur une durée aussi longue, il y a bien une poignée de passages potables
(notamment l'assassinat de la petite fille, classique mais bien mené, même si tout le monde semble se moquer éperdument de sa disparition)
, le sens visuel du réalisateur se ressentant de temps à autre. Mais sinon, quelle bouillie, quelle caricature de cinéma... Des scènes s'enchaînant sans but ni cohérence, uniquement présente pour meubler un manque total d'imagination, d'ambition. C'est assez rare : j'ai eu l'impression qu'on s'est foutu de moi, se contentant durant d'interminables minutes d'offrir une grosse scène d'horreur à chaque protagoniste, chaque fois plus lourde, chaque fois plus noyée sous un déluge d'effets spéciaux épuisant (dont les créatures rappellent d'ailleurs beaucoup celles de « Vampire, vous avez dit vampire ? », finissant par devenir tristement prévisible et à la limite du supportable. Et on le fait une fois, puis deux, puis trois... Stoooop ! On a compris ! N'ayant presque plus rien jouer, les acteurs deviennent purement fonctionnelles, à l'image d'une Jessica Chastain devenue presque quelconque. L'affrontement attendu finit alors (enfin) par arriver, peut-être un peu moins pire que le reste, mais tout aussi lourdingue et dans cette logique « deux fois plus », le moyen de vaincre Grippe-Sou prêtant pour le moins à discussion (voire à sourire), tout comme le fait que le « Club des Ratés » ait réussi à survivre à un ennemi aussi surpuissant et beaucoup moins bien exploité que dans son prédécesseur. Ce ratage est d'autant plus impardonnable qu'avec le roman originel, il y avait forcément matière à un divertissement de qualité : les responsables ne peuvent même pas se cacher derrière la difficulté de perpétuer les événements vingt-sept ans après. Les cinéphiles auront pour triste consolation une brève apparition
de Peter Bogdanovich et surtout le plus long caméo de Stephen King dans une de ses adaptations
: sympa mais on aurait préféré les voir tous deux dans une adaptation autrement moins calamiteuse du maître... Une débâcle presque attendue (mais pas à ce point!) : on reproche plusieurs fois au héros interprété par James McAvoy d'écrire de bons livres aux fins nulles : je crois qu'on peut difficilement faire meilleur résumé de « Ça : chapitre 2 ».