Je ne comprends pas bien ce que la presse reproche à cette réalisation de Nicolas Vanier, enfin cette partie de presse qui dit que cette nouvelle mouture n’a pas grand-chose à voir avec la série, auquel cas je serai tenté de répondre que nous sommes aujourd’hui au XXIème siècle, et que fatalement l’approche est différente, les mentalités ayant évolué, et pas forcément en bien. Elle reproche également à Nicolas Vanier d’être plus proche de la nature que de l’aventure en elle-même. C’est à la fois vrai et faux. Il n’empêche que "Belle et Sébastien" fleure bon la France d’antan, en pleine année 1943, au cœur donc de la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant tout commence sous les meilleurs auspices. Nicolas Vanier nous montre d’emblée ses talents en matière de documentaire, puisqu’il nous régale de ses plans, filmant magnifiquement un rapace qui survole les cimes et vallées alpines, pour finir sur ce petit garçon affublé de son grand-père, à la recherche des traces de la fameuse bête qui décime les troupeaux. Le doigt est donc mis d’entrée sur les croyances et les légendes qui ont notamment régulé la vie des habitants des zones montagnardes les plus reculées. Grâce à l’œil expert de Nicolas Vanier, le spectateur ne peut donc que s’émerveiller devant la beauté des paysages alpins, sublimée à souhait par les cadrages panoramiques et aériens destinés à dire que l’être humain est décidément bien petit face à cette immensité, une immensité qui abrite bon nombre d’espèces animales comme les bouquetins, les chamois, les marmottes,
les loups
et les rapaces pour ne citer qu’eux. Mais "Belle et Sébastien", c’est aussi la rencontre d’un enfant et d’un chien errant, la naissance d’un respect mutuel qui va donner naissance à un amour partagé et indéfectible. Pour apporter un peu plus d’aventures, le choix a donc été de porter l’histoire en 1943. Si l’idée en soi semble bonne, là où le bât blesse c’est que les soldats allemands semblent être plus en vacances qu’autre chose. On pardonnera volontiers ce petit écart, car il est vrai que dans de tels paysages de la France profonde… qui ne se sentirait pas en vacances ? En dépit d’une fin assez peu crédible,
avec cet officier allemand qui veut prévenir les passeurs et Belle qui traverse le pont de neige alors que ce chien ne le sentait pas (dans ce cas, je défie quiconque de faire passer un chien quand il ne le sent pas),
l’émerveillement et l’émotion sont au rendez-vous, gommant ainsi en grande partie les petites imperfections relevées ici et là. Le spectateur pas trop tatillon ne peut selon moi qu’adhérer à ce long métrage, transporté par une interprétation sans faille de Félix Bossuet décidément très touchant lorsqu’il est à la recherche de sa mère, transporté également par l’interprétation de Tchéky Karyo encore parfait, à mi-chemin entre "L’ours", "Nikita", et "Jacquou le croquant". Transporté également par la chanson "Belle" chantée par… Félix Bossuet lui-même, qui nous régale de sa voix infantile envoûtante par son côté cosmique, nous faisant frissonner à loisir avec cette version qui est pour moi qualitativement supérieure à celle chantée par Zaz lors du générique de fin. L’ayant vu au cinéma, je garde un grand souvenir de ce film, ce qui est assez rare chez moi en ce qui concerne le cinéma français. Un conseil toutefois : si vous devez découvrir ce film ou le revoir, optez pour la version Blu-ray si vous en avez la possibilité. La haute définition vous fera profiter pleinement de la beauté des décors.