L'histoire racontée dans Operacion E est invraisemblable et absurde, mais est à 98% vraie. C'est en tout cas ce que confient le réalisateur et le comédien principal, Luis Toscar, également coproducteur. L'histoire de Crisantos, producteur de cocaïne pour les FARC, qui doit s'occuper d'un bébé alors qu'il a une famille nombreuses à charge, déjà difficile à nourrir, est "bigger than life". Et malheureusement, au niveau du scénario et des situations, on n'a pas assez "d'explications". Les premiers membres des FARC qui confient le bébé à Crisantos hurlent sur celui-ci qu'ils n'ont pas le temps de s'en occuper et que lui va devoir le faire, sinon ils reviendront tuer sa famille. Leurs motivations sont au départ un peu fausses, mystérieuses, "too much". Et ce genre d'urgence - que l'on ne sent que vers la fin - est assez fréquente tout au long du film.
Mais, peu importe en fait. Operacion E est plus que le simple récit de cette "aventure" absurde et dure. Le film de Miguel Courtois Paternina est plutôt un portrait poignant (et plutôt pessimiste) de la situation colombienne, et plus globalement un film sur les pays en situation de guerre avec leurs lots de déplacements de réfugiés, victimes innocentes de ceux qui de chaque côté se proclament "héros" ou "libérateurs".
La pluie domine ce film qui se passe entre la jungle et les bidonvilles de Colombie, images de désolation accompagnées par la musique très inspirée de Thierry Westermeyer qui n'est pas sans rappeler la musique du roadmovie latinoaméricain de Walter Salles, Carnets de Voyage, composée par Gustavo Santaolalla.
Luis Toscar, héros simple, pauvre, menteur et victime, est très fort.
Operacion E est un film très intéressant, qui soulève un certain nombre de questions, notamment quant à la situation colombienne actuelle.
Source : Plog Magazine, les critiques des ours
http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2012/11/operacion-e.html