Joli succès outre-Atlantique en 2012, la comédie musicale « The Hit Girls » (Pitch Perfect en VO), réalisée par Jason Moore, débarque enfin dans l'hexagone. Adaptation du roman de Mickey Rapkin, « The Hit Girls » s'octroie un générique endiablé, avec Anna Kendrick, à l'affiche en ce moment du consternant « Sous surveillance », Elizabeth Banks (« Hunger Games »), Rebel Wilson qui a le vent en poupe depuis ses apparitions chez Judd Apatow, Brittany Snow et Christopher « McLovin' » Mintz-Plasse.
Synopsis Allociné : Beca est le genre de fille qui préfère écouter son lecteur MP3 que la personne assise en face d'elle. Fraîchement arrivée à la fac, elle a du mal à y trouver sa place. Elle intègre alors, plus ou moins contre son gré, une clique de filles qu'elle n'aurait jamais considérées abordables ou fréquentables : un mélange de pestes, de bonnes pâtes et d'originales dont le seul point commun est la perfection avec laquelle elles chantent a cappella. Et quand la nouvelle venue les initie, au-delà des arrangements traditionnels et des harmonies classiques, à des interprétations et des combinaisons musicales novatrices, toutes se rallient à son ambition d'accéder au sommet du podium dans cet univers impitoyable qu'est celui du chant a cappella à l'université, ce qui pourrait bien s'avérer la chose la plus cool qu'elles aient jamais faite, ou la plus folle.
Il fallait s'y attendre, le phénomène télévisuel « Glee » crée des émules. Sauf que Jason Moore, un faiseur ayant fait ses armes sur plusieurs TV shows calibrés d'jeuns (« Dawson », « Les frères Scott »), a probablement réalisé le film le plus débile et débilitant de l'année. Une histoire de compétition dans l'univers impitoyable des chants a capella, filmée comme un (mauvais) épisode de série pour midinettes et nourrie du même puritanisme indécent.
Producteurs du film et couple à la ville, Max Handelman & Elizabeth Banks évoquent dans les secrets de tournage l'influence majeure de quelques teenage comédies hollywoodiennes (« SuperGrave », « American Girls », « Lolita malgré moi »), dans lesquelles figurent des personnages décalés évoluant dans une sorte de microcosme. Ok, pourquoi pas.
Sauf que « The Hit Girls », non content de tourner autour d'une intrigue à deux balles pimentée d'une love story au ras des pâquerettes, aligne les clichés ambulants les plus stupides inhérents au genre (entraînement sur fond sonore pop, lutte des sexes sous forme de battle street chantés, personnages archétypes : l'héroïne qui manque de confiance en elle, le beau gosse appartenant au camp opposé, l'asiatique timide, la leader pompom pouf insupportable, l'autorité parentale masculine pour faire régner une certaine morale).
Côté chants, Jason Moore, biberonné à « High School Musical » et à la télé-réalité poubelle (« American Idol » en tête), balance fissa des reprises a capella – ultra retouchées en studio – de tubes pop récents. Ainsi s'enchaînent à vitesse grand V « Starships » de Nicki Minaj, « Just the way you are » de Bruno Mars, « Price » de Jessie J feat. B.o.B, « Give me everything tonight » de Pitbull, « Titanium » de David Guetta …
Même le un show final dynamique et enthousiaste est pourtant en deçà des espérances.
Au générique, on retrouve Anna Kendrick, 27 ans, qui interprète une lycéenne. Processus habituellement appliqué aux séries teenage, rarement au cinéma. Incompréhension donc, même si l'actrice de « In the Air » apporte une certaine fraîcheur au film. La palme du personnage exaspérant revient à Anna Camp (vue dans « True Blood »), dans le rôle d'une peste écervelée. Au programme, gags potaches (vomissements provoqués) et jargon maniéré.
On note en revanche quelques personnages secondaires plutôt sympas : l'asiatique aphone et son « j'ai mangé ma jumelle dans l'utérus », Rebel « Fat Amy » Wilson, qui tire clairement son épingle du jeu et permet aux « Hit Girls » de redresser un peu la barre. Rebel Wilson fournit les répliques les plus croustillantes : « the orthodox jew poneytail », « je cours à l'horizontale ».
Bilan : Avec « The Hit Girls », film girly, Jason Moore présente curieusement le chant a capella comme un signe de virilité. Belle initiative, sauf que l'entreprise a la finesse d'un tank faisant un créneau dans une piscine.