Comme tout le monde n’a dit que du bien de ce film, on est terriblement gêné de devoir écrire qu’il est plat et sans la moindre surprise : dès le départ, on est averti que la vieille dame, Selma, va mourir à la fin. Ce n’est pas là que le bât blesse, mais dans le fait que le scénario est construit sans la moindre originalité, et sans souci de la vraisemblance : Nathalie a démissionné de son travail (elle était chef dans un restaurant et n’a pas supporté de devoir moderniser ses conceptions culinaires), Christophe a perdu son travail, Joëlle éprouve le besoin de souffler car le sien est moralement pesant (elle s’occupe de vieillards dans une maison de retraite). Ils vont donc, en compagnie de Selma, qui n’a plus que quelques semaines à vivre, faire une pause dans une maison de campagne ravissante, pas dans le Midi comme souvent, mais dans la Moselle luxembourgeoise, avec des enfants, et pour aider Selma à mourir dans la sérénité. Mais elle en possède bien plus que les trois réunis, et cela finit par être un peu agaçant, tant de « philosophie de la vie »...
Les acteurs sont très bien, mais on ne va voir le film que pour Gisèle Casadesus, la doyenne des actrices françaises, qui aura 99 ans le 14 juin, et qui tourne beaucoup, en ce moment. L’enjeu était bien sûr d’éviter la tristesse, mais on se doute bien que si la réalisatrice avait pris le parti inverse, nul ne serait allé voir son film, surtout après « Amour », de Michael Haneke, qui a vacciné la totalité du public contre l’envie de voir des agonisants. De sorte que Selma n’agonise pas, elle « s’éteint », et sans souffrance apparente !