Avare en émotion sincère
Ridley Scott, le réalisateur de Gladiator (2000), Kingdom of heaven (2005), ou encore Robin des bois (2010), revient avec Exodus : gods and kings, qui est, à regret, loin de leur arriver à la cheville.
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Évocatrice, puisqu’inspirée de la Bible, l’histoire de Moïse ne cesse d’émerveiller, malgré son côté manichéen excessivement marqué. La redécouvrir sur grand écran fascine.
Les costumes et les décors en mettent plein la vue. L’ambiance de l’époque révolue dévoilée charme. La bande originale séduit. Les effets spéciaux relativement convenables font leur effet, mis à part la reconstitution en image de synthèse de certains animaux.
Christian Bale endosse le rôle du « libérateur » avec grâce et talent, sans pour autant surprendre. Le reste du casting est satisfaisant, mais le choix de sélection demeure discutable.
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Le scénario, légèrement remanié par rapport à l’exode biblique, divise cependant. En effet, conférer à l’aventure une couleur réaliste s’avère osé, mais dangereux, puisque à double tranchant. Le public déstabilisé par ce bouleversement se retrouve piégé entre deux conceptions, mêlant rationalité et croyance, qui ne parviennent pas à prendre le pas l’une sur l’autre. Devant cet exercice mal réalisé, l’insatisfaction plane légitimement dans les salles.
Maladroit, comme la mise en place de l’espace-temps, le découpage des scènes alterne passages excessivement brefs, ou longs. Partant de ce constat, l’immersion se crée difficilement. La présentation de la vie de Moïse sonne faux.
Le manque d’approfondissement concernant l’affliction du peuple égyptien ou hébreu déçoit et l’inutilité des personnages secondaires irritent.
Dans la peau d’un Ramsès trop passif, insuffisamment tragique, colérique, concerné, Jel Edgerton ne convainc pas. Non adéquate, la version française du doublage dérange.
L’épisode de la Mer Rouge est sujet à discussion quant à sa qualité visuelle et scénaristique. L’effet de faux semblant final prête effectivement à sourire.
En somme, l’émotion est très rarement au rendez-vous dans ce péplum aux multiples défauts accumulés que parvient à surpasser, à bien des égards, le dessin animé sans prétention de 1998 : Le Prince d’Égypte.
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Si le film offre un léger goût de déception au regard des espérances crées en amont, le divertissement en tant que tel opère toutefois.