Pour son quatrième long-métrage, Eric Barbier s'est à nouveau attelé au thriller/polar avec Le Dernier Diamant. Il avait en effet auparavant sorti Le Serpent en 2006, également avec Yvan Attal dans le rôle principal.
C'est Renaud Barbier qui se charge de la musique du Dernier Diamant. Il avait déjà réalisé la bande originale de deux des précédents longs-métrages d'Eric Barbier, Le Serpent et Toreros. Pour son dernier film, il enregistra 70 minutes de musique originale, entouré de 18 musiciens, en 24 pistes originales.
Yvan Attal est décidément abonné aux polars et aux thrillers. Entre Le Serpent et Le Dernier Diamant, les deux derniers films d'Eric Barbier, on a pu le voir dans Rapt, 38 témoins (tous deux de Lucas Belvaux) et Dans La Tourmente, le confirmant ainsi dans des rôles sombres et torturés. Il est cependant également attendu sur les écrans cette année pour Son Epouse, drame psychologique où il joue aux côtés de sa moitié Charlotte Gainsbourg.
Silenis Media dut rechercher, pour les besoins du tournage du Dernier Diamant, près de 850 figurants et silhouettes ainsi que des véhicules de jeu pour les ramener sur les plateaux belges et luxembourgeois où furent réalisées la majorité des scènes en mars et avril 2013.
Objet du vol dans le thriller Le Dernier Diamant, le Florentin est une véritable pierre, portée disparue depuis 1922. Elle ferait partie des premiers diamants taillés en Europe, ayant appartenu à Charles le Téméraire (1433-1477). Egalement appelée Grand Duc de Toscane, on a cru avoir retrouvé cette pierre inestimable de 137.27 carats en 1923 puis en 1981 lorsque des diamants de la même teinte (jaune clair) furent mis aux enchères aux Etats-Unis, puis à Genève. Sa coupe fantaisie, en double rose (126 facettes) en fait une rareté dans le monde diamantaire.
Bérénice Bejo, qui jouait "tante" Julia dans Au bonheur des ogres, de Nicolas Bary, se retrouve dans une peau homonyme avec Le Dernier Diamant puisque son personnage s'y prénomme aussi Julia. Dans les deux films, elle incarne par ailleurs une femme volontaire, que l'actrice définit comme "assez sûre d'elle (...), à assumer des décisions auxquelles elle n'avait pas prévu de faire face…", ce qu'elle faisait déjà dans le film précédemment cité.
Bien que les personnages joués par Bérénice Bejo et Yvan Attal semblent partager beaucoup de temps à l'écran ensemble, les deux acteurs tournèrent la majorité des scènes séparément. Selon Attal, leur véritable rencontre fut très tardive et l'organisation du plan de travail n'y était pas pour rien : les comédiens se sont véritablement découverts au fur à et mesure du film comme du tournage. "Mon sentiment est de l’avoir véritablement connue quand il a fallu arrêter de tourner…Bizarrement, j’ai l’impression d’avoir véritablement rencontré Bérénice le jour où j’ai dû l’embrasser", raconte-t-il.
L'intérêt d'Eric Barbier pour le thriller et le film de casse lui vient de son enfance, lorsqu'il vit L'or se barre (1969) de Peter Collinson, au cinéma. Il dit regretter les années 50 et 70, où bon nombre de réalisateurs avaient au moins touché une fois à ce genre cinématographique, alors que depuis, le cinéma français l'a abandonné aux bons soins des Américains qui continuent aujourd'hui à alimenter le filon (Ocean Eleven, Jackie Brown etc.). Le dernier film de braquage sorti en France, outre son précédent Le Serpent, ne serait autre, selon Barbier, que Ni pour ni contre (2003) de Cédric Klapisch. "J’ai eu envie de faire revivre en France ce genre de films qui m’ont vraiment passionné", précise-t-il.
Pour Le Dernier Diamant, Eric Barbier explique que lui et ses coscénaristes ont tenté de renverser la situation habituelle selon laquelle le spectateur ne ressent aucune peine pour les volés mais prend plaisir du vol avec les braqueurs, élément que l'on retrouve dans nombre de films de casse tels Le Cerveau de Gérard Oury, Mélodie en sous-sol, d'Henri Verneuil ou L’Ultime razzia de Stanley Kubrick. Ici, la personne volée est, selon les termes du réalisateur, "une jeune femme intelligente et belle, fragilisée par la mort de sa mère et qui manque de confiance en elle" pour qui le public prend vite parti.
Lors d'un essai de costumes pendant la préparation du tournage, Yvan Attal arriva sur le plateau avec un bonnet noir posé très en hauteur sur son crâne. Le réalisateur lui demanda de le retirer pour pouvoir commencer les essayages.
- « Non »
- « Quoi, non ? »
- « Je garde le bonnet »
- « Merde Yvan, on dirait un schtroumpf ! »
- « Pas grave, Simon est un schtroumpf » fut la réponse de l'acteur qui voulait donner à son personnage cette opposition entre le déguisement du voleur élégant et celui de l'anonyme qui semble peu sérieux et peu digne d'attention.
Bérénice Bejo travailla énormément la transformation physique de son personnage qui devait tromper des gens de sa connaissance sur son identité. Lorsqu'elle pensa avoir trouvé le bon maquillage et la bonne coiffure, elle envoya une photo d'elle-même à une amie pour lui demander son avis sur ce style. Ce à quoi l'amie répondit : "C’est qui cette fille ?", preuve de l'efficacité indéniable du déguisement.
Le Dernier Diamant n'est pas le premier film à mettre en scène le vol d'une célèbre pierre précieuse. Outre les films de braquage qui utilisent les bijoux et autres petits diamants plutôt que les liasses de billets comme source de richesse, certains longs-métrages tournent autour de véritable fortune minérale. Des films comme Snatch, de Guy Ritchie, La Panthère rose, de Blake Edwards ou Coup d'éclat, de Brett Ratner font d'un magnifique diamant, de taille considérable, le centre d'une intrigue plutôt tournée vers la comédie. Eric Barbier préfère quant à lui mixer thriller et romance, à la manière de L'Affaire Thomas Crown, bien que celle-ci n'ait rien à voir avec le vol d'un diamant.
Pour se renseigner au mieux sur le monde des diamantaires qu'Eric Barbier ne connaissait pas du tout, il demanda conseil à Maître François Tajan, un des directeurs d’Artcurial, sur la façon dont il aborderait le Florentin s'il pouvait le mettre en vente : "Une seule enchère ! Un coup de marteau ! Je centrerais la vente uniquement sur le Florentin. Un seul diamant sur lequel enchérir démontrerait à quel point il est exceptionnel", lui répondit-il. Cette idée fut par la suite récupérée pour le scénario du film.
Le cinéaste et l'actrice Bérénice Bejo purent tenir en main un autre diamant célèbre, le Petit Sancy, diamant blanc d’une trentaine de carats qui a orné la couronne de Catherine de Médicis le jour de son mariage avec Henri IV en 1610. David Bennet, le responsable du département joaillerie chez Sotheby’s où allait être présenté la pierre, expliqua en détail son travail à l'actrice de façon à ce qu'elle aborde au mieux son rôle....ou qu'elle prépare elle-même au mieux le casse de ce dernier diamant dans la vraie vie.
Le réalisateur décida d'appeler le film Le Dernier Diamant du fait que le Florentin est l'ultime pierre d'une telle valeur, tant économique qu'historique, à avoir disparu. Alors qu'il n'a en réalité jamais été retrouvé, le postulat du film est une uchronie où les passions se déchaineraient à la redécouverte du diamant dans un lustre parmi des cristaux d'amétrine, de couleur jaune proche de celle de la pierre précieuse.