Sur une base très classique (les plus blasés diront même, sur une base quelque peu éculée), Eric Barbier nous livre un film assez réussi, sans longueurs (même s’il a tendance à tirer un peu sur la fin), sans esbroufe mais qui arrive malgré tout à nous embarquer et même parfois à nous surprendre. Même si les rebondissements qui jalonnent « Le dernier diamant » ne sont époustouflant d’audace (si on a vu la trilogie « Ocean 11-12-13 de Soderberg, on les sent quand même un peu arriver !), ils fonctionnent et on marche dans la combine. Le film se décompose en deux morceaux deux tiers/un tiers. Le premier tiers est assez conventionnel, la mécanique du casse est intéressante à suivre, c’est comme un casse-tête chinois ou un jeu de piste, on se dit que « décidément, ils sont forts ces voyous ! ». Le dernier tiers est moins conventionnel, plus noir, plus cynique et surtout plus sanglant (enfin, tout est relatif, on n’est pas chez Tarantino non plus !). Devant des seconds rôles malheureusement assez peu mis en valeur, Yvan Attal et Bérénice Bejo tiennent parfaitement bien leur rôle et rendent leurs deux personnages inévitablement et très rapidement attachants. La romance qui s’ébauche entre eux pourrait paraître obligée par le scénario ou quelque peu téléphonée, en réalité grâce à leur talent elle sonne tout de suite très vraie et elle apparaît même touchante, d’autant plus qu’on la sait très fragile. La réalisation est nerveuse, mais malgré tout très académique. Anvers est filmé de façon très « film noir », il y pleut souvent et beaucoup, l’image n’est pas très léchée, on sent bien qu’Eric Barbier à voulu faire un film de gangster sans glamour, sans chichi et au vu du résultat, c’est plutôt un pari réussi. Au rayon des petits défauts ou des petites lacunes, on regrettera une fin qui tombe un peu à plat : ça se voudrait une fin elliptique en forme de clin d’œil mais au final, çà donne une fin qui sonne artificielle, qu’on sent venir à des kilomètres quand on connait un peu le cinéma. Le scénario manque aussi singulièrement d’humour, la musique est sans imagination et ne laisse aucun souvenir, l’affiche et la bande annonce sont hyper classique. Eric Barbier a voulu un film « brut de décoffrage » dans tous les domaines, et comment on dit parfois, « Le mieux est l’ennemi du bien » ! Mais qu’importe au fond puisque devant « Le dernier diamant » on passe un bon moment de cinéma, devant un film qui réussi malgré tout un joli grand écart entre le film de gangster pur et dur et la romance.