Bon… Je vais être honnête avec vous, si je suis allé voir cet « Alien Covenant », c’est presque par plaisir malsain. Je n’avais pas aimé « Prometheus ». Je n’aime pas non plus ce à quoi est en train de se réduire Ridley Scott ces derniers temps. Et tout ce que j’ai pu entendre jusqu’à présent de ce « Covenant » ne fut que critiques acerbes et terribles désillusions… Bref, dès le départ, je n’en attendais strictement rien. Je voulais juste participer moi aussi à cette étrange exploration du « fail » à laquelle bon nombre de mes amis s’étaient risqués… Et à dire vrai, au ressortir de la séance, je n’ai pas ressenti l’outrage que certains ont pu ressentir. Et je ne parlerais pas non plus de catastrophe. Alors oui, c’est mal foutu… Mais bon, comme tellement de blockbusters aujourd’hui. Alors OK, c’est la saga « Alien » et c’est triste. Oui, c’est Ridley Scott et c’est doublement triste… Mais bon, c’est l’air du temps non ? Moi je ne vois pas en quoi « Logan », « X-Men Apocalypse » ou bien encore les « Avengers » seraient plus réussis… Limite, s’il y a un point fort que je reconnaitrais à ce « Covenant » par rapport à toute la concurrence du moment – et ce serait finalement le même que j’avais trouvé à « Prometheus » – c’est qu’au moins il est beau et globalement bien fichu. Moi j’aime bien ce genre de réalisation posée qui n’en fait pas trop en termes de cut et de mouvement ; et qui prend le parti d’iconiser les lieux, les personnages (ici plutôt les bestioles) ou les situations. Bon après, on ne va pas se mentir, pour moi ça a surtout été valable pour les dix premières minutes. Je trouve que la scène entre Weyland et David fonctionne bien ; tout comme l’enchaînement avec la découverte du Covenant. (
Le déploiement du panneau solaire, moi je trouvais ça classe…
) Limite, j’étais prêt à me laisser prendre… Mais bon, pour cela, encore aurait-il fallu qu’on ait une écriture d’un autre niveau. Parce qu’en fait il est là, le seul problème de ce « Covenant » (…mais problème de taille hein). Pour moi, le problème de ce film, c’est donc clairement l’écriture (encore un autre point commun avec « Prometheus » tiens). Pour le coup, l’écriture coche toutes les cases du loupé. C’est super lent (
trois quarts d’heure pour qu’on retrouve un lien avec la saga Alien / Prometheus : chapeau l’artiste !
). Ce n’est jamais logique. Les personnages ont toujours des réactions stupides (
On se risque à dévier une mission de colonisation pour une planète inconnue juste parce qu’on ne veut pas se rendormir. Champions les gars… On décide aussi de se balader sur ladite planète sans casque. Alors là « Woh ! » Même dans « Prometheus » ils n’étaient pas aussi bêtes ! Et enfin, alors qu’on commence à se rendre compte que cette planète est super chelou, au lieu d’interroger l’androïde présent sur place pour en savoir davantage, on préfère partir faire des groupes de un, afin de prendre des douches et se faire accessoirement bouffer la tronche par des aliens
). Autre souci d’écriture, le fait qu’au final cette histoire ne raconte finalement pas grand-chose (
Je mets au défi toute personne capable de faire plus de deux phrases pour résumer ce que ce film change à l’univers alien
). C’est donc souvent vide, et le peu qui est raconté, soit est expédié trop vite pour être clair (
je pense notamment au sort des Ingénieurs, ridicule et poutré en deux minutes
) , soit ce qui est raconté dévoie totalement l’histoire tissée par les précédents (
…parce que l’idée qu’au final, les œufs soient une invention de David est non seulement totalement stupide – parce que bien plus foireuse que la diffusion des néomorphes par spores – mais en plus elle expédie à la benne l’idée d’une reine alien, ce qui est juste un viol intégral de toute la saga
). Bref, j’avoue que je suis ressorti de là amorphe. Je me suis demandé tout simplement « pourquoi ? » Ça n’apporte rien à la saga. Au contraire, ça la fiste totalement en termes de logique. Ça cherche à explorer des questions sur les origines, la création qui, pour moi, depuis le départ, n’ont rien à voir avec la saga « Alien ». Ça ne dit rien au fond. C’est chiant. En somme, ce film est totalement inutile. Alors le paradoxe veut que je hais moins ce film qu’un « Logan » ou un « X-Men Apocalypse », mais c’est en même très révélateur. D’une part c’est révélateur du désastre intellectuel et formel de ce que sont devenus la plupart des blockbusters aujourd’hui. D’autre part ça me démontre qu’en fait, ce film je n’en attendais rien. Il n’existait même pas d’espace dans ma tête pour espérer qu’on m’apporte quoi que ce soit. « Alien Covenant » ne m’irrite pas, non. Il me laisse juste incroyablement indifférent. Comme si ce film n’avait jamais existé en fait. D’ailleurs, aujourd’hui, dans ma tête, au lendemain de mon visionnage, il se trouve qu’il n’en reste déjà presque plus rien. C’est dire… Quelle tristesse de se dire que, pour le coup, cette remarque pourrait aussi être valable pour Ridley Scott lui-même… Quel drame…