Avec un compteur mystérieux dans le coin de l'image, c'est une succession de flashback qui nous permet de découvrir les activistes du groupe de Franck mais aussi le capitaine de police qui essaye de comprendre l'homme qu'il a en face de lui. C'est donc un mélange entre le film de braquage, avec toute sa phase de préparation, le thriller à la Usual suspects (qui est le traitre ?) et le film militant car le réalisateur, Jerôme Lescure,
montre de manière quasi subliminale, les tortures infligées aux animaux qui motivent ces militants. Rassurez vous, rien d'insoutenable, tant l'équilibre a été trouvé par un montage au cordeau.
Si le montage est d'une rare efficacité par son rythme, il en est de même pour la photographie et la colorimétrie, chose de plus en plus rare dans le cinéma français et inattendue avec le budget limité du film. Il faut dire que des techniciens et des acteurs se sont mobilisés bénévolement autour de l'idée et on retrouve des têtes connues au casting : Didier Sandre, Raphael Mezrahi, Jeanne Savary, .... Il ne faudrait pas oublier les personnages principaux, tenus par des débutants ou des inconnus mais aussi des acteurs confirmés avec des mentions spéciales pour Jean-Pierre Lousteau, Alexandre Laigner, Alice Pehlivanyan ou Lucie Rébéré. Au sujet de cette dernière, il faut souligner sa présence dans une scène autour de Victor Hugo que l'on peut qualifier déjà d'Anthologie , tant elle captive et bouleverse le spectateur. Mais je ne lèverai pas trop le voile sur ce film pour ne pas gâcher ses effets.
Bien plus qu'un film de genre ou qu'une copie d'Usual Suspects ou autres films de ce style, A.L.F. prend aux tripes, distille son suspens et surtout fait réfléchir le spectateur sur ce qui est acceptable ou pas dans cette société, sur les limites que l'on peut donner à l'activisme et sur le fait que selon le sujet, le traitement des "hors la loi" n'a rien à voir. Les acteurs présents dans la salle confiaient ne plus être les même après ce tournage. A.LF. est de ces films qui change des vies, qui bouscule les idées reçues, tout en restant distrayant et profondément passionnant. Quand en plus, il s'agit d'un premier film français, on dit bravo Monsieur Lescure et à très bientôt.