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Bertie Quincampoix
103 abonnés
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1,5
Publiée le 21 février 2016
Ce deuxième volet de la trilogie Paradis de Ulrich Seidl rend franchement perplexe tant on peine à croire à son histoire franchement tordue. Une catholique ultra-orthodoxe, méga-prosélyte et extrémiste jusqu'à la caricature dans sa pratique de la religion spoiler: voit débarquer chez elle, après plusieurs années de séparation, son mari, qui n'est rien de moins – tenez vous bien – qu'immigré, musulman et tétraplégique. Ajoutez à cela spoiler: des scènes de bagarres, d'orgies et de masturbation à l'aide de crucifix dont on ne comprend absolument pas le but. Ce film, qui aurait pu explorer de manière intéressante la radicalité de l'engagement spirituel, ne tient pas du tout son hypothétique promesse. Du grand n'importe quoi, que la mise en scène élégante et soignée ne parvient pas à sauver d'un ennui qui ne fait que s'accroître au fil de ces 1h40. Un ratage.
Le premier volet, Paradis : Amour, avait choqué pour son exhibition vulgaire et honteuse du sexe. Ce second, qui traite de la dévotion d’une catholique pour son Dieu jusqu’au déraisonnement, est plus habile. Cette fois, Ulrich Seidl ne nous laisse pas seulement ressentir du dégoût, il nous laisse juger et apprécier ce qui est bon ou non. L’actrice Maria Hofstätter est absolument fabuleuse. Elle interprète son personnage avec un réalisme et une sincérité qui dérange. Jamais la foi n’avait été montrée et dénoncée de cette façon. Paradis : Foi est une réussite autant dans sa spontanéité que sa troublante froideur. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
« Paradis : foi » est le deuxième chapitre de la trilogie « Paradis ». Plus sombre, plus intimiste et plus trash que le premier volet, Ulrich Seidl nous peint le portrait d’une femme obnubilée par Jésus, cherchant sans cesse à reconvertir les personnes qu’elle rencontre. Mais Seidl ne s’arrête pas là. Il mène son personnage vers un isolement sans issue, jusqu' au masochisme psychique et physique, jusqu'à l'aliénation. En d’autres mots, Seidl nous parle une foi de plus de solitude, de vide existentiel. Ce vide, comblé par l’amour démesuré qu’elle porte à Jésus, est le moteur d’un déclin inévitable, remettant en question le sens profond de l’existence. Remarquablement interprété par Maria Hofstätter, « Paradis : foi » à remporté le grand prix spécial du jury à la Mostra de Venise 2012.
Chemin de croix, épisode 2. Après le tourisme sexuel (féminin) dans Paradis : Amour, Ulrich Seidl s'attaque à l'excès de piété, nourri à un prosélytisme insistant. Et fait une fois de plus un portrait saisissant de femme (dire que les actrices donnent tout dans le cinéma de Seidl n'est pas qu'une formule). Celle-ci, sincère sans doute, est aussi d'un masochisme effrayant dès lors qu'il s'agit de son propre corps. Son fanatisme face à son mari paraplégique, et musulman, est une façon de renverser les clichés qui aurait pu déboucher sur un vrai sujet, si seulement ... Si seulement Seidl, qui n'a peut-être pas eu conscience des ressources comiques cachées de son thème (les bénédictions de force à domicile sont de grands moments), ne se prenait pas autant au sérieux. Malgré un sujet explosif, il est certes moins complaisant et provocateur qu'il a pu l'être dans ses oeuvres précédentes, mais, du coup, sa mise en scène glaciale et métallique rend le film démesurément austère. Malgré ses défauts, Paradis : Amour a bien plus de chair, fut-elle appâtée.
Deuxième volet du triptyque d'Ulrich Seidl. Dans le premier volet, il décrivait la quête désespérée d'Amour d'une autrichienne d'âge mûre au Kenya. Dans le troisième il montrera que l'Espoir de sa fille est condamné d'avance. Dans le deuxième il est question de Foi. L’héroïne est confite en dévotion. Sa maison est remplie de bondieuseries. Elle porte une silice et se mortifie pour les pêchés qu'elle a commis - et même pour ceux qu'elle n'a pas commis. Pendant ses vacances, elle démarche les banlieues, une statue de la Vierge Marie sous le bras, pour y convertir des immigrés mal logés un peu abasourdis devant cette visiteuse incongrue. Le problème surgit à mi-film : Annamaria, qui vivait seule, se révèle avoir un mari. Handicapé. Et surtout musulman ! Elle est prise au piège. Sa foi l'oblige à donner l'hospitalité à son mari. Mais sa foi lui interdit la cohabitation avec un incroyant. Sur le mode bien particulier qui caractérise le cinéma de Seidl - lequel rappelle l'humour froid d'un Kaurismäki - le film oscille alors entre comédie et tragédie. Moins scandaleux qu'on l'a écrit, "Paradis : foi" a le défaut d'être moins subtil que "Paradis : Amour" : le fanatisme religieux est un thème trop rebattu pour donner lieu à un traitement qui surprenne.
S'il est vrai, comme le dit Freud, que la religion est une névrose, "Paradies Glaube" se présente comme une caricature de cette névrose. Cette folle de Dieu prénommée - comme par hasard - Anna Maria, qui arpente les quartiers pauvres de Vienne, une statuette de la Vierge entre les bras, tente de convertir leurs habitants avec la subtilité d'un plantigrade. Il y a des moments d'humour noir qui peuvent faire rire ou sourire (le"Gruppensex", l'agenouillement laborieux), mais l'outrance répétée finit par devenir ennuyeuse. Pour les amis des bêtes, notons que le chat "Rolli" ("Matou"), qui subit diverses contraintes, a raison de protester vigoureusement. Plus sérieusement, si l'on s'intéresse aux effets pervers de l'activisme religieux, on peut voir ou revoir le "Nazarin" de ce grand cinéaste qu'était Luis Bunuel.
L'amorce du film laisse craindre le portrait froid d'une bigote acariâtre, à la plus grande gloire du laïcisme triomphant des ténèbres religieuses passées vers un avenir paradisiaque indéterminée qui sert de carotte, et la croix et le croissant de bâton... Plus subtil et réfléchi, "Foi" tourne assez vite à une pochade pince-sans-rire sournoisement ironique. On y renvoie dos à dos les deux religions des personnages principaux, tout en insistant avec persévérance sur l'impossible intimité de notre héroïne qui se consacre intégralement à son amour Jésus, ou plutôt croit le faire. Les bonnes intentions... Comme avec son "Paradis : amour" où l'héroïne se crashait en flammes implosées sur l'idée d'amour, ici l'idée de foi, plus imaginée, fantasmée, que vécue, se heurte à l'impossibilité de ce qui semble pourtant totalement évident ; une vie intime. Méchamment et efficacement, le réalisateur nous met un coup de projecteur sur les blocages invisibles qui nous enchaînent, et qui sont communs, socio-culturels, très modernes, et dont notre volontariat nous est inconscient, fait mal, surtout lorsqu'on veut en sortir.
Après le choc Paradis : amour, voici le deuxième volet de la trilogie Paradis du cinéaste autrichien Ulrich Seidl. L'histoire est bien sûr totalement différente mais sur la forme pas de changement. Une mise en scène aussi minimaliste et maîtrisée que pour le premier volet, aussi cinglante que les coups de fouet que Anna Maria...
Le film interpelle dans un climat de tension tout au long du film. Le réalisateur a réussi à traiter le thème de la religion, un sujet vraiment difficile. Bravo.
Aussi bien que "Paradis : amour" et bien mieux que "Paradis : espoir", cet élément de la trilogie est à la fois tragique et comique, que ce soit de façon alternative ou de manière cumulative. Certaines scènes sont très crues. Pas plus le fond que la forme ne manquent d'audace et de consistance. L'aspect politico-culturel donne à réfléchir et les avis divergeront, preuve que le réalisateur n'assène aucune vérité prédigérée avec cette approche métonymique de l'Autriche, du monde anglo-saxon et plus largement de l'Occident. Il est aussi à noter que ce film prouve, une fois de plus, que le métier d'acteur est l'une des plus grandes arnaques de notre siècle : ici, point de professionnels mais des dialogues improvisés et une justesse absolue !
Encore une fois Seidl nous montre toute l'étendue de son talent avec en prime l'humour dans ce "Paradis : foi" . Les 2 acteurs sont exceptionnels. J'ai hâte de voir le 3ème film de ce cycle exceptionnel.
Je suppose qu'on pourra détester le cinéma d'Ulrich Seidl. Il y a dans ses films, et en particulier dans celui-ci, une sorte d'intransigeance sèche et de jusqu'au boutisme qui pourront rebuter.
Anna Maria est amoureuse ... de Jésus. Son amour est sans limite et se concrétise de plusieurs façons (mortification, prosélytisme forcené, rejet de la luxure). Elle est plus que bigote, mais malheureusement pas mystique. Quand son mari musulman revient d'Egypte, le choc est évidemment frontal. L'un et l'autre s'entredéchirent, et comme le mari est handicapé, la brutalité des situations conflictuelles est ... la suite ici :
Troublant. Ce deuxième opus de la trilogie nous décrit une fondamentaliste catholique dont la vie ressemble à un chemin de croix entre prières, auto flagellation et porte à porte pour dispenser la bonne parole ; le retour de son mari musulman et paraplégique va venir modifier l'ordre (ou désordre !) établi. Ulrich Seidl nous dépeint avec talent les bouleversements occasionnés et comment le foyer va se transformer en champ de bataille : l'amour/la haine, le masochisme/le sadisme, les humiliations, une guerre des religions (en rapport inversé par rapport à la plupart des pensées actuelles), des corps à corps sauvages, des sentiments qui se bousculent, des certitudes qui vacillent ... Le film (comme les 2 autres !) nous présente, parfois à la manière d'un documentaire, de longs et forts instants de vie de ces personnages tous un peu cinglés (et merveilleusement bien joués !), tous plus ou moins animés par une haine des autres et/ou d'eux-même ... tous en proie à une grande détresse affective et sexuelle. C'est souvent dérangeant, drôle parfois (ce deuxième volet est celui qui m'aura fait le plus sourire !). Un film critique, âpre, sans concession, plus riche qu'il n'y parait ; un film percutant et beau.