De manière générale, j’apprécie l’œuvre d’Eric Rohmer : c’est un cinéma intelligent, avec des dialogues très fournis mais jamais vides de sens. Ici, on retrouve la marque de fabrique, avec trois acteurs-rices, Marie Christine Barrault, Françoise Fabian et Jean Louis Trintignant jouant au jeu du chat et de la souris, dans de la cadre de la ville de Clermont Ferrand en hiver. C’est léger, avec beaucoup d’allusions philosophiques non déplaisantes, et on passe un moment agréable.
Revu en 2020, le film parait un peu vieillit,. C'est celui des "contes" qui résistent le moins bien à l'épreuve du temps, comparé aux sublimes "La collectionneuse" ou au "Genou de Claire". . Et ce malgré une magnifique photo de Nestor Almendros , de dialogues d'une grande qualité et d'une interprétation remarquable de Trintignant et Fabian. La longue scène centrale de la nuit chez Maud, est à ce titre remarquable, avec ces allers retours et ses joutes verbales , où l'on croit que tout peut basculer à tout moment. Mais le film perd de sa légèreté quand il aborde tous ces thèmes religieux. Les scènes de messe sont très longues, et les discussions sur Pascal, parfois un peu redondante. .Du coup le verbe de Rohmer perd de sa légèreté et de sa grâce .Cette pensée dialectique qui se veut intellectuelle perd de son charme, face du marivaudage Rohmerien intemporel; A noter la très bonne prestation du grand metteur en scène de théatre A. Vitez. .
Les fragments du discours amoureux encore et toujours chez Rohmer. Cela marche pas mal. De jolies partitions portées par des comédiens séduisants avec, en particulier, cette fameuse Maud incarnée par Françoise Fabian, véritable figure la femme "libre" post 68... Sinon, l'hiver en noir et blanc à Clermont Ferrand avec ses cafés, ses librairies, la lumière blafarde, ce n'est pas très sexy mais on s'y fait... Je trouve quand même que Rohmer aurait pu sabrer cette longuissime digression sur Pascal et le christianisme qui empèsent le propos dans le premier tiers du film.
Réalisé en 1969 dans son cycle des Contes moraux, Ma nuit chez Maud – premier grand succès du cinéaste – est dans le plus pur esprit des films de Eric Rohmer : intello et bavard. Tout ce qu'on aime chez lui. Un ingénieur incarné par Jean-Louis Trintignant, catholique pratiquant assumé et débatteur animé, a le béguin pour une jeune fille rencontrée à la messe, mais se laisse troubler par Maud, une athée rencontrée par le biais d'un ami communiste. En découleront d'intenses discussions sur le pari de Pascal, sur l'amour, sur la religion, sur le hasard et les rencontres, sur la vie... Françoise Fabian est absolument sublime dans son rôle de femme "moderne". Tendre et austère.
Ma nuit chez Maud, faisant partie des 6 contes moraux d'Eric Rohmer raconte l'histoire d'un ingénieur qui en rencontrant un ami va par la suite, passer la nuit chez Maud. Malgré la succession de plans assez lente et rare, le film possède des personnages attachants et bien développés, surtout Maud et Jean-Louis. Les dialogues sont également très bien écrits, mais abordent des sujets sérieux de nombreuses fois. La réflexion est poussée et intéressante mais ils restent parfois difficiles à retenir, car ce sont plus des dialogues à lire.
Pas mal. Le film a un peu vieilli - le débat entre jésuites, jansénistes et libres-penseurs ne galvanise plus les foules. Néanmoins le dénouement concernant l'adultère évoqué au début du film est saisissant.
Les statues branchouilles étant indéboulonnables à l'ordinaire je ne rajoute rien pour ne pas rentrer dans lalèche, mais pour ce film qui est un des meilleurs de Rohmer je me permets une précision: comme d'habitude leréalisateur nous offre des stéréotypes et le fait étant qu'ils sont tellement sclérosés, qu'ils prennnent une forme inverse tout le long du film. Et que cela plaise ou déplaise à ces fanatiques de l'auteur de la Nouvelle-Vague.A commencer par le personnage principal, Jean-Louis, un catholique qui ne sait pas ce qu'il veut (comme tous lescatholiques d'ailleurs.) Si l'on passe donc par l'à-priori bourgeois très souvent vu - et un peu détestable il faut bien dire - dans les films de Rohmer, certaines options au cours du récit font que l'histoire se laisse aisément suivre.Pour tout dire la femme fatale de l'intrigue, Maud (Françoise Fabian) est en fait la plus romantique sinon celle qui pense le plus: il n'y a qu'à voir la dernière séquence à la plage... Quant à la blonde Françoise (Marie-Christine Barrault) son personnage de future femme-au-foyer devient en filigrame la plus perverse, la plus indolente et en tout cas le caractère le plus révélé du film !Entre la brune futée et matoise et la blonde soumise, les contraires filent et laissent apparaître en définitiveune situation autre que l'on peut penser à la base: tout n'est pas aussi simple qu'on veut bien le croire.Evidemmment cela parle énormément et le tout contient une happy-end conforme comme dans toutes les oeuvres de Rohmer mais son aspect de base et paradoxale est à découvrir.Un classique à voir en tout cas avec également une superbe B.O.
"Les sentiments éclairés." Le portrait tendre et nuancé de personnages discutant sur l'amour à la façon dont les philosophes en parlaient. C'est formidable et très intime, ce qui fait de ce film une oeuvre à part. Une homme et une femme dans une chambre, sentiments à fleur de peau et une histoire d'amour peut être embuée puisqu'une autre femme est là mais un moment de vie passionnant partant d'une nuit prude et douce.
Je ne connaissais pas le cinéma d'Eric Rohmer avant "Ma Nuit chez Maud", et je dois dire que cela a été une révélation qui m'a donné envie d'en découvrir plus. Reposant quasi-exclusivement sur des dialogues finement ciselés, déclamés sur des intonations anciennes, et portant le plus souvent sur le thème très vaste de l'amour (mais aussi la philosophie, la religion, le mariage et même les mathématiques...), l'oeuvre ici-présente constitue une comédie romantique très singulière, relativement intellectuelle dans son approche, mais d'une richesse et d'une simplicité fascinantes. D'une certaine façon, et que l'on me pardonne cette comparaison hasardeuse, ce style bavard, cette tendance à la philosophie et à l'introspection m'a rappelé celui de Woody Allen. A noter qu'ici, outre le noir et blanc, le film est quasi-intégralement dénué de musique d'ambiance, et pourtant à aucun moment le récit ne perd son intensité: un vrai plaisir passé en compagnie de personnages intéressants, bien interprétés, et dont les conversations ont suffit à me passionner.
Un des plus beaux films de l'histoire du cinéma, beau, subtil, complexe et touchant... Rohmer parvient a filmer l'invisible: un instant prècis, la naissance d'un sentiment, la tension dans l'air entre les deux etres qui ne savent pas quoi en faire. Jean Louis Trintigant est excellent dans le rôle du catholique un peu coincé qui justifie son manque d'assurance par la culture, et Francois Fabian est tout simplement superbe en femme libre et cultivée. Rohmer au sommet de son art..