Applaudi à la Mostra, le nouveau Gibson est arrivé dans les salles françaises. Le scénario, s'en apercevra-t-on plus tard, n'est qu'une suite d'aventures et (surtout) de mésaventures (le père traumatisé par la Première Guerre, la conséquence de sa violence sur sa famille) qui débutent réellement dans un flash-back poussif. Le scénario n'a rien d'original, est risible souvent, ridicule parfois, avec cette religion qui prend trop de place dans l'arc narratif. On remarque très bien que Gibson a voulu montrer que le personnage principal a eu une vie très pieuse. Il le souligne et le surligne : "la représentation de l'homme que je filme est idyllique, l'histoire que je raconte est, elle, extraordinaire. Vous êtes impressionnés, hein?" Alors on a droit à des séquences hautement improbables : ces longs ralentis le deuxième jour des combats, pur caricature du film de guerre (on croyait que Gibson allait l'esquiver, celle-là, mais non...) ou même un Andrew Garfield (qui se débrouille pourtant assez bien) riant et triomphant, volant grâce à une sorte de tyrolienne pour la toute dernière scène du film, la Bible (!) entre ses mains. Certes tiré d'une histoire vraie le nouveau film de Gibson cumule et croule sous les valeurs religieuse et patriotique, ne surprenant vraiment que lors des (longues) scènes de combat ou lors de la séquence du rêve, meilleure scène du film car elle sait percer dans un autre registre durant quelques secondes, et que c'est l'une des seules surprises que le film nous réservera. Gibson passe d'un extrême à un autre (de la romance la plus idiote il passe à la guerre la plus morbide), c'est tout simplement le plus grand défaut de son film, car est exagérée toute sorte d'émotion, du sentiment d'amour entre Garfield et Teresa Palmer (sympathique dans son rôle en demi-teinte) au sang, une émotion sur-jouée (sauf lors de la scène durant laquelle le fils vient au secours de sa mère et à l'encontre de son propre père, voilà de l'émotion, enfin!) complétée par les flash-backs. Et qui dit film inégal, dit film à moitié réussi. Dommage.