Clint Eastwood nous pond une histoire vraie, laquelle aurait été refusée par Steven Spielberg. Peu importe, Clint Eastwood maîtrise bien la mise en scène et sait aussi raconter des histoires. Ici, c’est l’histoire d’un type qui pourrait passer pour un héros et pourtant c’est ce qu’il est aux yeux d’une Amérique patriotique, admirative pour ses soldats partis combattre pour leur pays alors qu’ils combattent loin de leur pays ! Les dernières images archives qui illustrent l’enterrement de ce militaire prouvent combien il était un héros, une figure emblématique. Il était surnommé « La Légende ». Pour ma part, je ne le connaissais pas. Un héros qui aurait abattu 160 personnes en Irak : hommes, femmes, enfant. Je mets volontairement « enfant » au singulier car il nous est donné de voir un enfant abattu. Et comme je n’ai pas lu le livre, je ne sais pas si c’était l’exception. La particularité de Chris Kyle, dans les Navy Seal c’est sniper. Habile au tir, il avait pour mission de protéger tous les soldats en ronde, en mission. Et peu importe si le danger avait les traits d’une femme ou d’un enfant. Clint Eastwood ne se dérobe pas, il nous filme une scène où un enfant est abattu. Au moins une fois. Il semble retranscrire la vérité, les actes écrits et vécus de ce Chris Kyle. Déjà pourquoi réaliser cette scène ? C’est écrit, c’est déjà suffisant. « On s’en doutait !», pourrait-on penser. On sait bien que la guerre n’est pas propre. Filmer cette scène, n’est-ce pas complaisant ? Faut-il choquer pour choquer ? Ce qui peut passer aux Etats Unis peut ou pourrait être considéré comme abject pour nous Français ou tout simplement pour toute personne du monde entier qui voit dans le propos de ce film une ode à la guerre et à ses justifications, une ode à un patriotisme nationale nauséabond, une ode au port des armes. Certes, on peut voir de tout, en ce qui me concerne, je fais abstraction de toutes ces considérations, je vois le récit d’un sniper qui fait juste son boulot. C’est sans doute un hommage à une « Légende », pour les américains, moi, je vois juste un type banal qui fait le job. Il en faut des types comme ça. Ils ne sont pas meilleurs ou pires que des pilotes qui larguent des bombes sans se soucier du sexe et de l’âge des habitants. Pour moi, je ne le prends pas comme un hommage, mais comme un simple récit sur un sniper. Bradley Cooper remarquable dans son rôle d’américain moyen, bouseux, patriote et perturbé. Peut-être que Clint Eastwood demande aux américains d’aimer ce Chris Kyle, ce que je veux bien concevoir, mais là encore, je ne pense pas qu’il me demande de l’aimer, de l’apprécier. Quand un film nous conte le récit de Mesrine, nous demande-t-on de l’aimer ? Et il y en à la pelle des personnages historiques effrayants marqués sur pellicules ! Je n’ai aucune admiration, aucune animosité sur ce Chris Kyle. Je prends note de ses faits et gestes et peut comprendre qu’on fasse un film sur lui. Ouh, que le guerre n’est pas bien ! Sans blague ! Mais il en faut des types comme lui et comme tous les autres qui sacrifient, leur vie, leur jeunesse, pour combattre l’intolérance, la barbarie. Un film courageux, honnête et efficace. Un bon Clint Eastwood. J’ai apprécié le dernier plan du film, Clint se garde bien de filmer la mort de Chris Kyle, seul le regard de sa femme qui referme peu à peu la porte nous révèle la fin. Subtile, il était judicieux de ne pas en rajouter après les séquences de guerre bien maîtrisées.