Partant d’un postulat d’une originalité sans faille, le second essai commercial de Riad Sattouf trouve bien vite ses limites. Faisant suite aux Beaux gosses, succès commercial et comique avéré, le réalisateur ose le renversement de situation. Nous voilà donc propulsé en république populaire et démocratique de Bubunne, état totalitaire ou la femme détient le pouvoir absolu. A la fois un ersatz des régimes islamiques totalitaires, le port du voile obligatoire pour les hommes, et des républiques communistes telles que la Corée du Nord, seule réelle représentante malheureuse dans ce domaine, Riad Sattouf s’amuse des inégalités entre hommes et femmes de ces sinistres dictatures. Si l’homme devient pour l’occasion l’opprimé, face à une junte militaire féminine et d’une violence sans pitié, il n’en reste pas moins que l’approche est sensiblement d’actualité en regard à la condition féminine sans le dictat taliban ou encore des droits bafoués sous la dynastie Kim-Jong.
Pour autant, pas d’erreur, Jacky au Royaume des filles est bel et bien une comédie, une comédie sacrément bateau qui plus est. Il ressort au final que seul le prétexte est finalement bon. Oui, si l’on s’amuse dans un premier temps de cette mascarade, les hommes derrière le voile, très vite, l’humour pataud de Sattouf et de ses acteurs, Vincent Lacoste en tête de liste, essouffle. Simplement mal orienté, cet humour-ci ne semble pas convenir pour la simple et bonne raison qu’ici, il ne s’agit pas, au contraire des Beaux gosses, d’une production pour adolescents. Dès lors, alors que le potentiel du sujet est astronomique, l’on s’emploie souvent ici à explorer des élans pipi-caca, le sexe prédominant sur la condition. Branlettes, baises rapides, nichons, couille prennent très sincèrement le pas sur le sujet, un fait hautement regrettable, et ce même si à certaines mais rares occasions, c’est aussi drôle que culotté.
Vincent Lacoste, issu tout droit de la Comédie Française, retrouve son réalisateur fétiche pour la deuxième fois. Si le bonhomme est certainement l’un des espoirs de la comédie en France, l’on sent chez lui une façade peu reluisante. En effet, le jeune acteur semble démontrer qu’il sera difficile pour lui d’évoluer, d’outrepasser ses rôles de djeun’s timide, un peu pâlichon, en quête de gloire. Le reste du casting se compose notamment de Charlotte Gainsbourg, peu inspirée, voir amorphe, d’Anémone est générale tyrannique, amusante mais trop rare, ou encore de Didier Bourdon, un inconnu que l’on ne présente plus. Ce dernier est incontestablement, enfin, c’est selon le type d’humour, le mieux placé dans ce casting presque inadapté. Le bonhomme est un habité du travestissement, du foutage de gueule, et trouve ici un certain écho, souvent très amusant en père à la fois autoritaire et soumis.
Si je me réjouissais un poil de découvrir Jacky au Royaume de filles, pour son sujet tape à l’œil et original, j’ai très vite déchantée devant le ton inadéquat de l’œuvre. Le réalisateur s’appuie sur les tics de langage, la gestuelles, mais ne parvient jamais réellement jamais à rendre ses personnages un tant soit peu crédibles. Dommage, d’autant que le potentiel était là. Bref, on retrouvera sans doute Riad Sattouf est ses élans comique pré pubère dans quelques mois pour de nouvelles frasques du même acabit. Cette fois-ci, ne faisons pas l’erreur de nous réjouir inutilement. 05/20