L'Australie, dans ce qu'elle a de plus beau, mais aussi de plus cruel... Robyn Davidson, jeune aventurière, veut rendre hommage à son père en reproduisant l'exploit de sa vie : traverser un désert, lancée dans 3200km d'aridité australienne en solitaire. En solitaire ? Non, car Robyn va s'entourer d'un petit troupeau de chameaux, qui donnent le rythme indolent à cette marche, mais aussi au film, puis d'un vieil aborigène qui la conseille, d'un photographe qui vient ponctuellement tirer quelques clichés... Si le rythme n'est franchement pas au rendez-vous (le film paraît long, se répète souvent), on peut compter sur la magnificence des paysages australiens. Il n'y a qu'à contempler les plaines et roches de toutes les couleurs imaginables, et se laisser porter par le bleu azur qui jure avec le rouge chatoyant du sable à perte de vue... Et nous voilà en voyage, dépaysés, aux côtés d'une Mia Wasikowska investie comme jamais, choisie pour sa nationalité australienne (à la place de vedettes hollywoodiennes qui étaient pressenties), et qu'on ne remplacerait pour rien au monde (elle est brillante et se donne à fond pour le rôle compliqué !). Seulement, le défaut de cette suite de cartes postales, c'est qu'elle nous laisse parfois devant des séquences silencieuses de marches en plein désert, ce qui est parfois redondant et long (on attend les rebondissements de l'aventure, tels l'attaque des chameaux sauvages, trop vite expédiée). Les rencontres nous touchent (avec les locaux) ou nous interpellent (les touristes qui suivent la "Camel Lady" comme des mouches à viandes...). Adam Driver est présent, mais s'efface devant le personnage de Wasikowska assez rapidement (on oublie facilement qu'il a joué dans ce film), et a été choisi, on le remarque d'emblée, pour sa grande ressemblance physique au photographe réel qui a accompagné la chamelière. Les deux heures de film se font sentir à cause du manque de punch de ce voyage (peu de mésaventures, on n'appuie pas bien le lien au papa avec ce voyage-filiation de passion...) et de la surabondance de cartes postales, qui sont donc à la fois l'atout et le défaut du film pour n'avoir pas su être bien dosées. Un belle interprétation de Mia Wasikowska à souligner (qui, on le devine, a dû en baver sur le tournage en plein désert avec les animaux). Et, ce n'est pas négligeable : on voit à cent mètres que les animaux ne sont pas maltraités (les plans qui cadrent l'actrice seule dès qu'elle doit les battre, et l'animal qui est en pleine forme au plan d'après : on n'y croit pas, et franchement, tant mieux !), ils sont un peu grassouillets, ont un pelage de qualité, ne sont pas très effrayés par l'actrice (même quand il le faudrait), et ça fait un bien fou. Essayez de ne pas fondre pour le bébé chameau en chaussons, essayez seulement.