Need for Speed, ou le blockbuster hollywoodien qui doit faire ses preuves ! En effet, le film sort en salles avec deux sérieux handicaps. Le premier étant qu’il s’agit de l’adaptation d’un jeu vidéo. Et que les précédents films ayant ce statut n’ont jamais brillé, que ce soit au niveau commercial (Prince of Persia), des critiques (Resident Evil, Mortal Kombat) ou des deux critères (Dead or Alive, Hitman, Street Figther, Alone in the Dark, Super Mario Bros…). Même si les exceptions existent (le premier Silent Hill). Le second étant que Need for Speed est un film de courses de voitures. Qui doit bien évidemment faire face au poids lourd du genre qu’est la saga Fast & Furious, qui cartonne depuis quelques années (grâce au succès inattendu du cinquième opus). Lourde tâche donc pour ce Need for Speed pour se faire bien voir auprès du public !
Commençons par la question qui nous vient à l’esprit face à un tel divertissement : que devons-nous en attendre ? Pour rappel, Need for Speed est une florissante saga vidéoludique de la société Electronic Arts, qui mettait en avant des courses illégales de voitures (dans les rues d’une ville), avec son lot de jolies pépés et de tuning à gogo (dont la fameuse réserve de nitro, les basses dans le coffre et les barres fluorescentes sous le véhicule). En somme, d’un point de vue scénaristique, il ne faut rien en attendre, étant donné que le modèle de base en lui-même n’a déjà pas d’histoire à proposer. Enfin si, en quelque sorte : dans le premier jeu, vous interprétez un gars qui participe à des courses pour affronter celui qui est responsable de la mort de son ami. Une trame reprise dans ce film. C’est tout à son honneur, notamment de la part d’une adaptation. Ne vous attendez donc pas à grand-chose de la part du scénario : personnages pas travaillés et qui font clichés, répliques discutables, histoire mise de côté au profit de l’intérêt premier du film (à savoir les courses).
Mais ne pas avoir de scénario ne veut pas dire faire n’importe quoi ! Et c’est pourtant dans cette direction que fonce le script de Need for Speed. Malgré l’envie de mettre en avant la trame émotionnelle (qui parle de vengeance, de relations, d’amitié…), le film fait l’erreur à ne pas connaître : ennuyer ! Comment ? En prolongeant un film qui aurait pu faire 1h30 à tout casser en une bêtise de 2h12. Via des séquences de blabla et d’émotion dont nous nous serions bien passés. Il est vrai que de telles scènes peuvent apporter un petit plus à l’histoire et aux personnages, mais encore faut-il que cela soit réussi. Or, en ce qui concerne Need for Speed, c’est juste loupé ! Si vous vous attendiez à de la grande débilité de la part des répliques, vous n’avez encore rien vu ! Il faut bien dire aussi que la prestation des acteurs, qui se montrent lamentables (sauf Michael Keaton, qui semble s’éclater et ce même si on se demande ce qu’il peut bien faire dans un film pareil) en jouant les bad guys sans pour autant avoir le charisme d’un Vin Diesel et autre Dwayne Johnson, n’aident aucunement. Ne faisant que renforcer la connerie qui se dégage de l’ensemble ainsi que le désintéressement que nous portons à l’histoire et donc aux protagonistes.
Et ce qui est pire, c’est que les scénaristes n’ont plus eu d’idées pour meubler la trame principale, à tel point qu’ils se sont permis certains délires. Certes drôles et inattendus sur le moment, mais qui n’ont clairement aucun lien avec le reste du film. Prenons l’exemple où l’un des personnages secondaires décide de reprendre la route avec ses potes, laissant derrière lui son travail de bureau. Il se dandine comme un beau gosse avant de faire tomber la chemise et la cravate. Normal jusque là ! Puis embrasse une collègue, ayant toujours rêvé de faire ça. Pourquoi pas ! Et là, il se met à poil, limite drague une grand-mère dans l’ascenseur, continue à se pavaner les fesses à l’air comme si de rien n’était. Et voilà, vous venez de perdre au moins 3 minutes avec un délire juste incompréhensible, même s’il fait sourire.
Ne reste plus que l’attraction principale du film : les courses ! L’élément sur lequel Need for Speed ne pouvait se planter. C’est pourtant ce qu’il fait… La bande-annonce nous promettait de l’action, de la montée d’adrénaline, du peps ! Notamment avec ces séquences où les voitures semblaient être filmées de prêt. Après avoir vu le film, vous comprendrez très vite ces gros plans. Alors que le scénario parle de bolides dépassant sans mal les 200 km/h (on parle même d’un 316 km/h), le film s’est simplement fait aux alentours de 80 km/h. C’est juste flagrant ! Et ce ne sont pas ces fameux gros plans ni ces bruitages de moteurs poussés à fond censés cacher cela qui vont y changer quoi que ce soit ! Au final, à quoi ressemblent les courses ? À d’énervants enchaînements de dérapages qui font irrémédiablement penser à du drift (pensez au troisième Fast & Furious), alors que cela se passe principalement en ligne droite ou sur des pistes ayant peu de virages. Qui vont même jusqu’à oublier les cascades, carambolages et autres explosions promis dans la bande-annonce (juste un par course, donnant un effet de répétitivité mollasson et agaçant). Déjà que l’on s’ennuyait avec la trop longue trame du film, alors si ce dernier fait l’impasse sur l’atout qu’il avait sous le capot…
Ce ne sont pas une mais deux choses qui sont sûres après que vous ayez vu Need for Speed : non seulement les adaptations cinématographiques de jeux vidéo n’y trouveront toujours par leur compte, mais aussi que Fast & Furious conserve sa suprématie routière. Peut être drôle malgré lui, mais ce n’est certainement pas ce que l’on attendait d’un tel long-métrage. Un beau ratage !