Après Landes, dont j'ai rédigé la chronique il y a quelques jours et sans oublier les Fanny/ Marius de Daniel Auteuil sur lesquels j'ai volontairement fait l'impasse, "Pour une femme" de Dianne Kuris est le troisième film français de cet été à nous offrir un drame romanesque mélangeant petite et grande histoire, un peu à la manière d'un certain cinéma français des années 70-80, que je regardais beaucoup quand j'étais plus jeune.
De nos jours, il est, à mon grand désarroi, de moins en moins courant de voir ce genre de films, estampillés un peu péjorativement par la presse intellectuelle comme ayant le label "qualité France", mais qui, en fait, témoigne de vraies et de belles qualités ne serait ce que dans la construction narrative et dans l'élégance formelle qu'on ne peut ignorer.
Ce film est d'autant plus une excellente surprise que je n'attendais plus grand chose de la cinéaste Dianne Kuris qui, dans ses derniers films ( "Je reste" , Sagan, ou "L'anniversaire") pataugeait largement dans la semoule. Elle a eu l'excellente idée de repuiser, comme pour "Diabolo Menthe" ou "La Baule Les pins" dans ses souvenirs intimes pour nous parler d'une histoire qui a marqué sa famille, à savoir un triangle amoureux qui unit puis déchira ses parents et son oncle paternel.
Le film débute par la découverte d'une photo jaunie que deux sœurs exhument d’une boîte à souvenirs à la mort de leur mère qui éveillera la boite à pandore des secrets familiaux. Avec cette première scène, on pense forcément à "Sous la route de Madison", le chef d'oeuvre de Clint D'eastwood qui commençait ainsi, et j'avoue avoir un peu craint que la comparaison brise totalement le film de Kuris.
Mais, très vite, on ne pense plus à cette réference écrasante et on se laisse prendre par cette histoire follement romanesque à cheval sur deux époques, puisque le film alterne avec habileté les va et vient entre les années 80 et l’ époque juste après de l’occupation nazie où va se nouer ce noeud familial et cet amour éperdu de la mère de la cinéaste (jouée ici par Sylvie Testud) pour son beau-frère Jean, un mystérieux russe venu en France pour une raison assez obscure qu'on ne découvrira qu'au fil de cette belle histoire.
Alors, certes il faut se faire un peu à l'idée que Nicolas Duvauchelle et Benoit Magimel jouent des russes qui parlent français sans le moindre accent, et se faire aussi ( plus dur) à l'idée que Magimel joue dans la partie plus contemporaine le même personnage, 40 ans plus vieux avec des maquillages un peu ridicules qui le font étrangement ressembler à Marlon Brando, mais ces réserves mises à part, ce "Pour une femme" possède d'indéniables qualités qui en font un film très sensible et très touchant.